Utopia. Le plus compliqué, c’est de mettre bout à bout les adjectifs qui me viennent à l’esprit pour décrire cette série. Utopia, c’est cette série qui, à défaut de plaire du premier coup, vous plaira de par son esthétisme, ses couleurs exacerbées, cette ultra violence gratuite qui se veut seulement cruelle.
C’est cette trame hors du commun mais à la fois tellement concrète, palpable, qu’on en vient à se questionner soi-même : l’homme est-il son propre ennemi ?
C’est cette bande son qui rend fou et qui ne colle qu’à cette série et à son univers terriblement probable.
C’est cette dérision de la violence et de l’animal en chaque Homme qui nous guette.
Elle joue sur nos nerfs, cette série, tant elle est prenante. Sur certains aspects, la trame nous échappe, tout le monde fait partie du complot et soudainement plus personne, ton personnage préféré meurt et d’un coup il surgit 4 épisodes plus tard, tu penses que ce qu’ils font c’est immonde pour ensuite revoir les termes de ce qui est immonde ou de ce qui ne l’est plus.
La thématique est là : l’homme est voué à détruire la planète à cause de son utilisation abondante de toutes les ressources naturelles, faut-il agir, et surtout, jusqu’où va la morale ? C’est là l’intérêt des méchants, bien que je ne sache plus vraiment qui sont les méchants et qui sont les gentils, mais toujours est-il que certains se battent pour une neutralisation lente de l’espèce humaine, pour pouvoir, plus tard, rétablir une population terrienne « normale », tandis que d’autres se battent contre ces certains, pour la justice, la morale, les principes quoi.
Malgré l’accent sur-british des acteurs et leur ‘délit de sale gueule’ (l’un des persos, Becky : c'est vrai qu'elle ressemble à Daphné Bürki et c’est plutôt irritant, et on retrouve aussi Curtis, de Misfits, qui est bien mieux ici que là-bas à mon avis), on s’attache vite à ce groupe de gens que rien pourtant n’unit, excepté (peut-être) la rage de ne pas se laisser faire par les tout-puissants. La loi du plus fort a beau être revendiquée, on parvient tout de même à l'atteindre, et c’est fou ce que ces anglais tolèrent comme degré de violence, mais les assoiffés de scènes sanglantes sont servis, les scènes de tueries et de tortures sont, d’une part, carrément nombreuses, et de l’autre, merveilleuses : on a affaire à des gens qui sont conditionnés pour tuer, dès leur plus petite enfance, des personnes qui ne savent pas faire la différence entre le bien et le mal, qui n’ont d’ailleurs aucune idée de leur existence, et qui ne savent qu’une chose : qu’ils sont les pions qu’on envoie sur le champ de bataille pour un monde meilleur.
Certes, le complot se veut un peu squatteur dans la série, mais c’est vraiment bon, on se retrouve, à la fin de la première saison, complètement parano, à ne plus savoir qui est qui et à qui faire confiance. Le premier épisode de la deuxième saison éclaircit et récapitule des trucs pas trop captés dans la première, et c’est l’un des meilleurs de la saison, à mon humble avis. Malgré tout, on n’arrive pas à ne pas s’attacher à quelques personnages, à prendre un réel parti dans cette problématique qui se veut d’actualité. Si je dois résumer la série en trois mots :
Couleurs, Violence, Bande-Son (il compte pour un lui).
(La bande-son est putain de merveilleuse, mais c’est vrai qu’on ne peut que « l’absorber » en présence de la série) : https://www.youtube.com/watch?v=SsJXfkOlCLw