C'est cette question qui motive une grande partie de la saison 1 et de tout l'épisode 1 de cette même saison. Une question, un leitmotiv récurrent. Et qui hante. Arbie et son sac jaune avec la bonbonne de gaz. La première scène de l'épisode 1 est un concentré de tout ce qu'est la première saison : traque et violence aveugle sur tout ce qui se tient en travers du passage de chaque groupe de protagoniste. Plus l'intrigue avance et plus le motto "Il n'y a aucun camp" est vrai. Plus ça avance et plus on sombre dans une sorte de folie avec les personnages principaux.
Ça me fait étrangement mal de dire ça, mais Utopia fonctionne sur le complot, et donc cette série est juste parfaite pour notre mode de pensée et notre civilisation. A un moment où l'on voit des mecs hurler au complot mondial, t'as Wilson, personne stéréotypée au possible qui est à fond sur le fait que les chemtrails (mais si les trucs des avions, là, qu'on dirait des nuages), bah c'est des gaz mortels et qu'on finira tous empoisonnés (grosso modo). C'est ce terreau fertile de théorie du complot et de "chacun pour soi" que se construit Utopia.
Mais, Utopia, c'est aussi des ambiances. Comme l'ambiance musicale. C'est assez difficile à décrire, alors je vous propose d'aller écouter Meditative Chaos de Cristobal Tapia de Veer. Entre le coton et la plaque d'acier d'une morgue. Entre chaleur étouffante et un petit -295 degrés. Utopia, c'est tout ça à la fois. C'est encore plus flagrant dans la saison 2, où tous les personnages prennent une dimension humaine assez hallucinante après une fin de saison 1 marquée par une quasi inexistence de ces relations.
L'ambiance d'Utopia réside aussi et surtout dans sa photographie tenant quasiment du cinéma, avec ses plans larges et ses couleurs hypnotisantes. Je pense notamment aux scènes d'ouverture des épisodes de la saison 2, où chaque scène s'ouvre en plan large sur un lieu en particulier. Comme la première scène du deuxième épisode qui n'est ni plus ni moins qu'un océan de lavande surmonté d'une pyramide en verre.