Tout simplement LA meilleure série politique américaine, Veep nous fait entrer dans les méandres de la Maison Blanche (ou plutôt le placard à balai de l'autre côté de la rue).
C'est cru, cruel, et terriblement efficace dans l'humanisation des coulisses du pouvoir. Là ou d'autres séries comme House of Cards érigent celles et ceux qui font tourner le pouvoir comme faisant partie d'une "caste", au dessus du commun des mortels, Veep va totalement à contre-courant de cette tendance. Tou.tes les conseiller.es, assistant.es sont bourré.es de défauts et d'insécurités. Les bourdes sont nombreuses, ridicules et permettent de créer des ressorts comiques exceptionnels.
Julia Louis-Dreyfus joue ainsi une politicienne psychopathe, au sens propre du terme. Elle ne comprend pas et n'accorde pas d'importance aux autres, iels ne sont que des outils pour atteindre ses objectifs, devenir la première présidente élue des Etats-Unis d'Amérique. Ainsi, Selina Meyer (sans s!) vole, manipule, insulte son entourage et sa famille, et méprise ouvertement le peuple américain. Pour elle, se faire élire ne serait pas un honneur ou une chance, mais simplement ce qu'elle mérite !
Là où Veep brille, c'est dans le dialogue. Au moment d'une grève des scénaristes face à l'IA, Veep nous rappelle que l'écriture est le centre névralgique d'une bonne série. Les insultes fusent, avec une créativité et une violence rare. Les différents personnages se détestent, et le font savoir. Toute occasion est bonne pour rappeler à Mike, le responsable des relations publiques, qu'il n'est qu'un abruti (pour rester poli), ou que Gary, le porteur de sac de Selina, est "un garçonnet de 12 ans, bloqué dans le corps d'une fillette de 12 ans".
De la même manière, les autres personnages, dans l'entourage indirect de Selina, brillent par leurs répliques. Pour ne citer qu'eux, Roger Furlong (Dan Bakkedahl), Oncle Jeff (Peter MacNicol) et Jonah Ryan (Timothy Simons) enchaînent les répliques cultes, c'est graphique, débile, et d'une créativité franchement impressionnante.
Compliqué de faire sortir mon personnage préféré tant ils se battent pour voler la vedette. Pour autant, Richard T. Splett (Sam Richardson) brille par sa candeur, et sa dynamique avec Jonah Ryan à partir de la saison 4 fait même de l'ombre au duo le plus emblématique de la série : Selina/Gary.
Mis à part une dernière saison légèrement en dessous, la série est une merveille d'écriture, d'une densité sans nom, les blagues et les répliquent volent avec une vitesse qui dépassent l'entendement, sans pour autant sacrifier un rapport au réel. Car cette série demeure fondamentalement une série sur le pouvoir, et comment celles et ceux qui nous dirigent restent des êtres humains, qui ont parfois besoin d'une rapide "Banking Task Force" (vous comprendrez si vous regardez).
En conclusion, Veep est pour moi parmi les meilleures séries HBO, ou tout du moins celle qui m'aura le plus fait rire. Il faut quand même avoir un bon niveau d'anglais pour comprendre les délicatesses des insultes et une certaine connaissance du système politique américain pour vraiment en profiter à fond.
10/10 (après au moins 3 visionnages)