Voyages à travers le cinéma français est un prolongement du même film sorti un an plus tôt. Frustré de n'avoir QUE 3h15 pour parler du cinéma français de sa jeunesse, Bertrand Tavernier a décliné le concept sous forme de huit épisodes d'une heure, chacun reprenant un thème, dont le dernier est plus personnel car il reprend les années 1960 du réalisateur, alors attaché de presse.
Je pourrais dire la même chose que le documentaire, à savoir que c'est une vision subjective du cinéma français jusqu'en 1971, où les extraits y sont très nombreux, et l'occasion de (re)voir de grands films comme ceux de Melville, Guitry, Autant-Lara, Ophuls, Pagnol, Deray, Granier-Deferre et des dizaines d'autres. Y compris des femmes, comme Jacqueline Audry, qui avait réalisé un film en 1950 sur la frigidité, et que j'ai très envie de voir, et Agnès Varda.
Il y a toujours ce talent de conteur qu'a Tavernier, qui a connu plusieurs de ces personnes, avec des extraits de son propre Laissez-Passer, non pas par narcissisme, mais parce qu'il est encore le seul film à réellement parler du cinéma français sous l'Occupation, qui concerne le quatrième épisode.
Le seul gros défaut du film est de donner envie d'acheter ces films, dont certains sont malheureusement invisibles désormais (La boucher ou Que la bête meure, qui sont bloqués), avec des découvertes incroyables, comme La terre meurt, qui n'est ni plus ni moins que le tout premier film en couleurs français, et datant de 1936 !
Tavernier sait aussi parler de ces réalisateurs et il est impossible de ne pas évoquer le cas Claude Autant-Lara, qui a tenu des propos antisémites scandaleux, mais qui est l'auteur de tas de grands films comme La traversée de Paris, Le diable au corps, et bien entendu ce chef d’œuvre qu'est Occupe-toi d'Amélie. Il y a deux films que je ne connaissais pas, Journal d'une femme en blanc et Nouveau journal d'une femme en blanc que j'aimerais non seulement découvrir par leurs messages, qui semblent aller à contre-courant de ses idées prononcées à la fin de sa vie.
Sur l'ensemble de ce grand voyage, qui fait tout de même près de 11h, Tavernier reconnait lui-même à la fin qu'il y a encore quelques oublis, mais ce qu'on voit déjà est si beau, et fait rêver sur ce si beau cinéma hexagonal.