Bien avant de devenir une icône des Internets, Chuck Norris était un karatéka accompli, ceinture noire de taekwondo, judo et ju-jitsu : autant dire qu'il ne faisait déjà pas bon d'insulter sa famille la nuit dans une ruelle sombre. Dans les années 80, il accèdera à une véritable popularité grâce à une série de films d’action consternants produits par la Cannon.
La célèbre réplique "Je mets les pieds où je veux, Little John, et c'est souvent dans la gueule", véritable marque de ralliement de tous les amateurs de nanars, vient d’ailleurs d’un film de cette période, l’exécrable Portés Disparus 3. Après la banqueroute de la Cannon, Chuck Norris connait quelques années difficiles, puis touche le gros lot télévisuel en coproduisant pour CBS, Walker Texas Ranger, série dont il est également l’interprète principal.
Car si Walker est un ranger et qu’il habite au Texas, il a également reçu l’enseignement d’un véritable Indien d’Amérique en matière d’arts martiaux. Sa méthode pour résoudre les conflits ? La foi, la prière et, si ça ne suffit pas, un grand coup de pied retourné dans la tronche. Réflexion et subtilité ? Sur les autres chaines. Tous les « méchants » qui pullulent dans son bel Etat sont incroyablement cons (et surtout de vilains entrepreneurs ultracapitalistes, dépourvus d’humanité).
Mais revenons à Chuck Norris. Ce mec est capable de sauver les bébés phoques, casser la figure à une centaine de figurants, citer la Bible, sortir avec la blonde de service, apprendre la vie à son collègue ranger de couleur, remettre son stetson, aider des orphelins à ouvrir leurs cadeaux de Noël et s’éloigner dans le soleil couchant en chantant la chanson du générique… tout cela en 46 minutes chrono.
Consternant de bêtise, un épisode de Walker, Texas Ranger est également réalisé avec un perpétuel mauvais goût, les acteurs, Norris en tête, jouent avec la grâce de la baleine et la finesse d’expression du lamantin mâle, les scènes d’action et de cascades sont à peu près les mêmes que dans L’Agence tous risques, quelques gestes de karaté ankylosé en sus, et l’idéologie imprégnant les scénarios dès que ceux-ci dépassent le niveau du « toi méchant, moi gentil, moi casser gueule toi » devrait suffire à tenir éloigné le téléspectateur.
Pourtant, la série fut une valeur sûre de CBS pendant 8 interminables saisons, s’exporta dans plus de 100 pays et, en France, fit les beaux dimanches après-midi de TF1 pendant des années. J’espère sincèrement que son public était armé d’un solide second degré, ou qu’il était occupé ailleurs pendant que la télé restait allumée dans le salon.