David Simon. Oui oui, oui et oui.
The Wire évidemment, mais aussi Tremé. Dissection de la ville de Baltimore, de ses rues à ses institutions, à travers le trafic de drogue en 5 saisons, puis de la Nouvelle-Orléans post Katrina en 4. Des sujets sociétaux décortiqués sous forme de longs fleuves pas si tranquiles sur lesquels se débattent des personnages denses et complexes. Un court passage par L'Irak en 7 épisodes avec Generation Kill et par le New-York des années 90 en 6 dans Show me a hero. Et cette constance à dénouer les maux, à creuser dans ce qui ne tourne pas rond, sans raccourci, on la retrouve encore une fois avec We own this City, mini-série de 6 épisodes inspirée du livre éponyme retraçant les activités opaques et illégales de la Gun Trace Task Force et de l'homme à sa tête, le sergent Wayne Jenkins.
Au terme de la mini-série, rien d'étonnant à ce que David Simon se soit emparé du sujet. On retourne à Baltimore et c'est une occasion rêvée de revenir dans les rues de cette cité tristement célèbre pour sa criminalité. Au fil des exactions de ces hommes et de leurs aveux, on assiste, entre deux temporalités, à tout ce qui mine cette ville, de ses rues à ses institutions. Autour de l'éxubérant et sympathiquement dégueulasse sergent Jenkins (excellent Jon Bernthal), une police malade jusque dans son incapacité à agir mais aussi une avocate des droits civiques sous les traits de Wunmi Mosaku, point de raliement et incarnation de la consternation du spectateur face à la violence et au racisme omniprésents. Un sujet brulant donc, entre bavures policières, tensions sociales et raciales, qui s'apparente plus à un documentaire méticuleux qu'à une série d'action policière. N'y cherchez pas de Vic Mackey et de rebondissements à couper le souffle. We own this city est là pour dépeindre sobrement et efficacement un groupe d'homme de lois qui les outrepassent sans ciller et les conséquences qui en résultent. La réalisation est sobre et ne sert qu'une cause, faire la lumière sur ce fait divers qui concentre à lui seul toute la désuétude d'un système incapable de servir une ville corrompue et embourbée dans sa triste réalité.