Years and Waste
Ça commençait pourtant bien. Le premier épisode était sacrément bon : on découvre la famille Lyons, qui semble absolument inclusive : on a des blancs, des noirs, des hétéros, des gays, des...
Par
le 23 juin 2019
47 j'aime
12
Voir la série
Years and Years s'ouvre sur un trait de génie : après avoir posé les premières briques d'une anticipation plutôt sage (on est à peine quelques années dans le futur au Royaume-Uni, les enceintes connectées parlent un peu mieux, les migrants et réfugiés ont la vie un peu plus dure, les esprits sont un peu plus détendus avec les sexualités et les genres), Russell T Davies fait brutalement valser le château de cartes : la roue de l'Histoire doit tourner.
Le monde s'embrase, les pays riches vacillent, les acquis d'hier s'évaporent. Au beau milieu de ce nouvel ordre baroque, l'individu, héros comme toujours ? Que dalle. La famille Lyons, comme nous tous à leur place, sont des passagers impuissants de ces tragédies. C'est lucide et puissant, c'est la tragédie classique, où Zeus et Poséidon laissent place à la Bourse, la Technologie, et une poignée de Présidents, avec en choryphée le brillant Murray Gold, déjà compagnon de route de Davies sur Doctor Who.
La suite s'essouffle, non sans offrir quelques lectures - certaines assez fines et d'autres moins - sur notre temps : nous animalisons les réfugiés, les plus enclins à laisser les populistes prendre le pouvoir sont certes les pauvres malmenés mais aussi les activistes désabusés, et les parents auront toujours un train de retard pour comprendre la génération d'après. Ça pèche, d'abord parce que la série ne se trouve pas de véritable vocation anticipatrice, préférant se concentrer sur le drame et la comédie familiaux, et sur un miroir tout juste déformant de ce qu'on a déjà - des camps de concentration pour réfugiés, une politicienne finalement copie conforme absolue de Trump.
Et ça pèche, surtout, parce que le propos initial est totalement contredit vers la fin de la série, qui se conclut sur quelque chose qui peut ressembler, au choix, à la vague évocation de l'idée révolutionnaire, ou à un lénifiant grand retour de l'Individu, dans un cours d'éducation civique tout ripoliné. J'ai même entrevu un éloge du Centrisme Raisonnable™. C'est dommage, mais ça n'enlève pas tout à une série qui a su se faire marquante.
Créée
le 22 août 2019
Critique lue 379 fois
D'autres avis sur Years and Years
Ça commençait pourtant bien. Le premier épisode était sacrément bon : on découvre la famille Lyons, qui semble absolument inclusive : on a des blancs, des noirs, des hétéros, des gays, des...
Par
le 23 juin 2019
47 j'aime
12
Décidément, les séries de l'année 2019 aiment nous mettre en scène la fin du monde. Cela permet de montrer l'état de nos peurs actuelles. Peur du nucléaire qui nous a donné Chernobyl ou Dark. Peur de...
Par
le 17 juil. 2019
43 j'aime
1
Ca partait pourtant bien. En illustrant, dans le premier épisode, à quel point la scène politique internationale est par essence fragile, et combien il est facile de basculer dans le chaos, Years and...
Par
le 24 nov. 2020
18 j'aime
10
Du même critique
Bob l'Éponge, dans la culture populaire, c'est une éponge parallélépipédique plus ou moins hystérique qui cuisine des hamburgers. C'est ce truc que regardent les enfants. Et pourtant, il y a...
Par
le 17 avr. 2012
22 j'aime
5
Non, décidément, ça n'était pas raisonnable, ce reboot. Déjà, contrairement à beaucoup, je n'ai pas trouvé Spider-Man 3 si catastrophique, donc je ne voyais pas la nécessité de se remettre si vite en...
Par
le 8 juil. 2012
19 j'aime
12
La politique américaine. Encore plus codifiée, extravagante, frénétique que celle de nos démocraties d'Europe Occidentale. Meetings de plein air en bras de chemise, pubs négatives ubuesques,...
Par
le 29 août 2012
11 j'aime