Tout commence avec un cannelé emblématique, la délicate dégustation d'un cannelé par une jolie blonde. Puis vint une course après un chat, puis... une vitre brisée.
La jolie brune n'est pas très délicate elle, plus sportive, pas très adroite, mais tout autant attentionnée dans le fond. Elle tient à Arima qui, lui, a eu le droit aux éclats de bouts de verres de ladite vitre brisée. Arima, toujours à l'endroit où vise Tsubaki, est un peu perdu, bon qu'à se faire guider. Elle va le rejoindre donc, voir l'ampleur des dégâts. Auprès de Tsubaki, elle va faire preuve de prévention, une attention digne de celle d'une grande sœur. Puis d'un autre côté il y a ce bon pote de Watari, un peu taquin, qui se moque du côté tant fusionnel des deux loulous en les prenant en photo, pour une situation qui stagne depuis des années.
Puis entre tout ça : Un piano. Un piano qui prend beaucoup de place, et en plus, il y aura bientôt la blonde : Kaori. Le souffle du vent pousse à la rencontre, transporte les pétales de cerisiers, le mélodieux souffle de Kaori dans son mélodica lui, pousse à l'intérêt, transporte les cœurs.
Kaori, Watari ne voit qu'elle, Arima aussi, et du cout Tsubaki également. Ici, chacun est un instrument qui peut se mélanger à un autre pour une mélodie tantôt belle, tantôt sinistre. Car si Shigatsu est une série sur la musique, le cœur de l’œuvre se trouve en dehors de la scène.
Ce n'est pas le temps qui passe, mais nous qui le traversons. Si certaines personnes vont trop vite comme Kaorie, d'autres font du surplace comme Tsubaki, et dans tout ça les sentiments avancent à leur guise, et il n'y a pas vraiment de place pour le second choix, le second rôle. Et sur ce point, Shigatsu expose d'une des plus belles façons les problèmes et joies du cercle amoureux à travers une narration particulière, avec d'un côté la musique qui transcende les paroles de ces cœurs hésitants, puis de l'autre ces multiples pensées qui traversent le récit. En effet, il est plus facile de s'exprimer à travers quelque chose qui nous cache ou de garder ce qu'on a au fond de nous-même plutôt que de s'ouvrir. Et si la musique ne nous parle pas de base, dans Shigatsu le piano criant toujours «je t'aime» de bien des manières, de bien des interprétations, cette mélodie elle, nous parle forcément.
Donc regardez Shigatsu wa Kimi no Uso. Si vous ne retiendrez jamais le nom, ce qui se déroulera restera forcément gravé.
Car si l'on se retrouve dans les enjeux (réussite professionnelle et amoureuse) et que c'est bien maîtrisé le long de 22 ballades magiques, il y a également la forme qu'est exceptionnelle avec ses nombreux et majestueux plans. Des plans qui s'enchaînent, qui en plus d'apporter du dynamisme, sont surtout sources de signification ou mettent en valeur l'action. Chaque choix de cadre est justifié, et c'est dans la beauté qui en découle qu'ils trouvent leur intérêt. Les images résonnent comme un doux son de piano, et savent s'attarder sur ce qu'il faut. Comme... les yeux d'une blonde… puis le regard triste d'une brune qui regarde cette même-blonde... pour finir sur un plan déchirant des deux… qui finira dans le dossier «photos de couvertures».
Chaque détail est une source d'émotion quelle qu'elle soit, que ce soit dans la photographie, une note, une pensée ou une citation de Snoopy, pour un tourbillon d'émotions. Et si ça aurait pu paraître un poil tire-larme ou avec trop de sentiments, l'émotion saura toujours se montrer pudique quand il faut et ne sera jamais de trop car soutenu pour un humour permanent qui allège l'éventuel surplus d’effervescence, pour un sourire bienvenue au milieu de cette prise d'otage émotionnelle.
Impossible de rester insensible à ce pianiste qui se laisse guider par Kaori et son violon. Impossible de ne pas tomber amoureux de Kaori. Impossible de ne pas se retrouver dans Tsubaki non plus. Impossible de ne pas tomber amoureux de Shigatsu wa Kimi no Uso.