Les meilleurs films de 2023 selon takeshi29

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« Preuve est faite : tout va mieux quand les immigrés rentrent chez eux » (E.Z.)... (cf critique)

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Je n'ai pas le temps de développer, et vu le nombre de critiques tout a dû être dit à propos des innombrables qualités de ce GRAND film, mais Justine Triet, que j'aimais déjà beaucoup, a atteint ici - avec Arthur Harari qu'il faut absolument citer - un niveau de maitrise plus que rare dans le cinéma français. Et forcément un mot concernant le casting : Swann Arlaud est incroyable, et que dire de Sandra Hüller qui tutoie les étoiles.

(Chose que je ne pensais jamais dire : le jury cannois ne s'est pas trompé.)

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Je pensais être tranquille, tenir en "Anatomie d'une chute" mon film de 2023 puisqu'il s'agissait de mon seul 9 de l'année, et voilà que Christian Petzold vient mettre le bordel.

Non pas que je ne m'y attendais pas car je considère le cinéaste allemand comme l'un des plus stimulants du cinéma contemporain. Mais je me pensais à l'abri pour une raison simple : j'ai presque détesté la première partie du film, sa posture auteuriste "Regardez comme il est brillant mon Conte d'été".

Puis sans que je le sente réellement arriver j'ai été saisi par l'intelligence du propos et la manière dont Petzold donnait sens à son récit, comment plus rien n'était soudain gratuit et comment chaque scène expliquait finalement ce qui nous avait été donné à voir précédemment.

Je croyais tenir le film le plus vainement intello de l'auteur alors que tout le littéraire un peu snob nous amenait vers quelque chose de profondément gravé dans l'époque et purement mélodramatique.

Alors inutile de vous dire que j'ai pleuré quand a surgi Pompéi. Tout comme il est inutile de dire que Paula Beer est une actrice merveilleuse.

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Quand Hong me met à nouveau Sang dessus de Soo... (cf critique)

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L'antidote à la bêtise d'Östlund... (cf critique)

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Nuri Bilge Ceylan est probablement l'un des réalisateurs contemporains les plus brillants et passionnants, car son cinéma continue à évoluer. Quand il décide en toute simplicité de parler du sens de la vie rien ne parait vaniteux, car il n'assène pas, il propose des pistes de réflexion que le spectateur pourra ou non saisir, il raconte de multiples histoires qui pourraient se suffire à elles-mêmes mais qui créent au final un récit-monde.

Et puis il y a désormais chez lui la faculté à mêler le beau, le contemplatif, et le bavard. Mais jamais gratuitement car c'est du vertige qui ressort de ses paysages enneigés ou de ses joutes verbales. Et que dire de son envie de faire toujours plus de cinéma : en sortant soudain un personnage de la scène pour le faire se balader sur le plateau de tournage, en proposant un regard caméra foudroyant et obsédant.

Je passe mon temps à râler sur tous ces films qui ne cessent d'enfler sans que rien ne le justifie, mais Ceylan est le contre-exemple parfait car chez lui 3h17 parait une durée "normale", peut-être tout simplement parce qu'il a beaucoup de choses à nous dire et nous montrer.

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Cinema Milagro... (cf critique)

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El Pampero Cine, ou les échangistes du cinéma contemporain... (cf critique)

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Cela fait trois mois que je me dis qu'il faut que j'écrive une critique sur le film qui m'a le plus enthousiasmé depuis le début de l'année (Allez disons à égalité avec le Hong Sang-Soo) mais pas le temps. Alors je vais me contenter de dire que ce truc qui a un côté "Millennium Mambo" en plus brut avec la révélation Park Ji-min, fascinante en pôle inversé de Shu Qi, m'a littéralement subjugué : le jeu de cette non-actrice, le courage de mettre en scène un personnage en permanence en colère et peu sympathique, cette façon de parler des racines biologiques et culturelles, des différences, tout est d'une justesse et d'une énergie incroyables.

Et puis moi qui ne supporte plus la danse au cinéma, devenue un passage obligé, j'aurais voulu que celle-ci ne s'arrête jamais...

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Comment peut-on laisser depuis si longtemps les films d'un tel cinéaste à la porte des salles françaises ? C'est la question que je n'ai cessé de me poser au cours des démentes 131 minutes que dure ce "Kubi", qui bien que présenté dans le cadre de Cannes Première l'an dernier n'aura pas trouvé chez nous de distributeur.

Ok ce film n'est pas évident à maitriser historiquement pour un public occidental, ok les protagonistes sont très nombreux et on peut, du moins dans un premier temps, s'y perdre. Mais rien de pire que dans le dernier Zhang Yimou, "Full River Red", qui s'est pourtant frayé un chemin jusqu'aux écrans de l'Hexagone grâce à Carlotta.

Comment peut-on priver d'un écran géant un tel spectacle qui rappelle par moments "Ran" de Kurosawa, qui propose un festival aussi drôle que sanglant, des manigances et complots à n'en plus finir mais traités avec le ton inimitable de Kitano. Et surtout à pas loin de 80 ans il reste l'un des plus grands metteurs en scène et en images au monde. Certains plans, certaines scènes sont tout bonnement à couper le souffle. Voilà c'est juste de l'immense cinéma, d'une beauté renversante et follement stimulant, mais on va continuer à regarder ça à la maison puisqu'on sait déjà que "Broken Rage", présenté le mois dernier à Venise, sera directement sur Prime.

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Comme souvent il faudra être curieux, fouiner pour trouver le film le plus passionnant de la semaine, et au-delà car "Désordres" est selon moi parmi ce qui s'est fait de plus stimulant et fou depuis le début de l'année. De la folie suisse, donc vous imaginez le bordel ?

L'entame est déstabilisante au possible, le ton, le rythme, l'enrobage pouvant laisser craindre le truc le plus prétentieux et faussement décalé du monde.

Mais très vite on comprend qu'ici rien ne sera gratuit, que ce qui est d'apparence lymphatique cache en réalité l'origine de la politique au sens noble et puissant du terme, que dans un rouage de montre, symbole de la précision, se niche le temps où l'anarchie nait.

"Désordres" est tout autant un document sur ce que signifie engagement collectif qu'une incroyable expérience de cinéma, de mise en scène, de travail sur l'image jusque dans les perspectives déformées.

Le plus réjouissant est que je ne crois pas que cet objet, bien qu'au premier abord complexe, soit élitiste. Il suffit de le laisser faire, de le laisser vous emporter, vous raconter. Ce qu'on ne vous a jamais raconté, ou du moins je vous le promets, jamais comme ça...

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Je vais au cinéma pour ça, pour avoir les poils qui se dressent d'émotion, pour vibrer au son d'une musique ou à la vue d'une ellipse dans un plan, pour voir naître une grande actrice, pour un réalisateur, l'un des plus excitants de son époque, qui tout en respectant le genre qu'il emprunte y glisse sa folie créatrice.

La dernière scène est bouleversante, cette danse de la folie et de la mort fait monter les larmes, j'aurais souhaité qu'elle ne finisse jamais...

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Il aura fallu huit ans pour savoir si tout le talent de July Jung entrevu sur "A Girl at My Door" allait être confirmé. Et selon moi la réponse est cent fois oui car ce "About Kim Sohee" est une sacrée claque, claque de rigueur, de complexité orchestrée en deux parties qui se déploient au départ comme un drame social puis comme un thriller.

C'est donc labyrinthique et pourtant fluide tant le récit est tenu et limpide, le tout convergeant vers une charge, une attaque en règle du système capitaliste. Autrefois au cinéma les tueurs étaient effrayants ou flamboyants, aujourd'hui ils ont des cravates et dirigent des open-spaces.

J'en ai presque trop dit mais d'ici le 5 avril prochain vous aurez oublié ce que je viens d'écrire, et entre nous ce qui prévaut dans ce film n'est en rien un suspense hypothétique, c'est bien plus que ça...

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L'horrible confirmation Jessica Hausner, l'enterrement cinématographique de Woody Allen, un film français mignon mais que j'aurai oublié dans deux semaines, mon mercredi de sorties aurait pu être funeste s'il n'y avait eu ce tour de force signé Cédric Kahn. Ce "Procès Goldman" est passionnant à chaque minute, il renseigne certes un évènement, et un homme, précis mais il raconte surtout parfaitement la société française de l'époque, déjà bien fracturée.

Et c'est aussi un objet de cinéma fascinant, enfermé d'apparence mais d'une ingéniosité folle, avec des acteurs qui semblent prendre un plaisir absolu à dire les mots des autres, ou plutôt ce qu'on imagine qu'ils auraient pu dire.

Arthur Harari ou l'homme qui vit désormais dans une salle d'audience. Pour le plus grand bonheur du spectateur...

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Ce "Retour des hirondelles" est probablement LE film à voir en ce moment, et pourtant j'ai eu bien bien peur durant les premières minutes, craignant un chapelet de misérabilisme à venir.

Mais non car Li Ruijun choisit la lumière, la beauté du temps qui passe et avec les saisons, celle d'une histoire d'amour où seule la pudeur rivalise avec l'intensité, la pureté du sentiment.

Chaque plan est au millimètre sans qu'on tombe dans l'esthétisant, le côté politique est là * mais par touches subtiles, le trop plein de malheur se niche dans le hors champ ou dans l'ellipse comme pour éviter le chantage à l'émotion.

Ce film renoue avec une certaine tradition du cinéma chinois, n'étant pas sans rappeler "Qiu Ju - Une femme chinoise", tout en ayant la modernité de celui qui l'a fait rentrer dans une nouvelle ère, Jiǎ Zhāng-Kē. Rajoutez un brin de Sirk pour le mélo et de Malick dans la manière de glorifier des "Moissons", vous obtenez le genre de film qu'il faut absolument voir sur grand écran pour épouser sa force.

* Celui-ci n'a pas échappé au pouvoir chinois qui après quelques semaines, et un sacré succès public, l'a fait interdire.

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Alexandre Sokourov est assurément l'un des cinéastes contemporains les plus stimulants, et cette fois de manière flagrante le plus sale gosse, le plus insolent.

Après "Francofonia" qui avait laissé un paquet de monde circonspect, y compris moi, il creuse un peu plus son sillon expérimental, ou plutôt indéfinissable. Les choses sont posées ainsi par le réalisateur : « Dans ce film, vous ne verrez que des archives historiques qui n'ont pas été traitées à l'aide de technologies deepfake ou d'intelligence artificielle. ». Bien énigmatique, mais rien à côté de ce qui va suivre.

On va donc croiser DES Staline, Hitler, Mussolini et Churchill au purgatoire. Napoléon Bonaparte y passera même une tête. Énervés, grossiers, névrosés, stupides, ils se parlent et s'insultent, hantent la scène dans un décor aussi inquiétant que grandiose, se percutent, divaguent, comme cherchant à sortir de l'écran, d'une bulle, y compris sonore. A leur image certains spectateurs chercheront certainement à quitter la salle, tant parler ici d'OFNI, d'expérience n'est pas galvaudé.

Vous êtes donc prévenus, mais ceux qui aiment l'inédit, le jamais vu / jamais vécu en auront pour leur argent...

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Il faut probablement être familier du cinéma de Kleber Mendonça Filho pour bien mesurer la résonance de ces "Portraits fantômes", pour être bouleversé par ce documentaire protéiforme, qui navigue entre Histoire et histoire(s) intime(s), qui déclare son amour aux salles obscures, à Recife, à un appartement qui prend soudain un sens incroyable pour qui aime les films du Brésilien.

Et parce que tout finit en CINÉMA, et donc en mise en scène, soudain un chauffeur de taxi disparut...

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Il aura donc fallu attendre le 20 décembre pour voir arriver sur les écrans l'un des plus beaux films de l'année, qui conte une page très très sombre de l'Histoire sous ses allures de récit d'aventures, avec son atmosphère de western en Terre de Feu. Felipe Gálvez Haberle a bien des qualités, dont celle d'avoir su faire appel à des gens chevronnés puisqu'on retrouve ici Mariano Llinás ("La Flor") comme acteur mais aussi collaborateur au scénario.

Ce premier film m'en a rappelé un autre, le malheureusement inédit chez nous "Blanco en blanco", et il est si impressionnant que je l'aurais bien vu avec une Caméra d'or cannoise. Le jury lui aura préféré la démonstration de mise en scène "L'Arbre aux papillons d'or", dommage car ici il y a une forme incroyable (Quelle photographie !) mais aussi un fond.

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Assurément mon gros coup de ❤️ de la semaine car si au même titre qu'un autre miracle de l'année, "Le Retour des hirondelles", le début peut faire craindre un concours de misérabilisme, tout ce qui suit est d'une beauté fracassante. D'humanité, de simplicité, avec des paysages incroyables servis par une photographie sublime. Mais attention il n'y a rien ici de "National Geographic", chaque cadre étant réfléchi au millimètre, chaque plan étant susceptible de faire monter les larmes.

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Je n'espérais plus dire ça mais oui Quentin Dupieux m'a surpris et même un peu séché. Il signe probablement là, en quittant pour un temps l'absurde, son film le plus complexe, le plus riche, le plus politique. On rit alors que très vite on comprend qu'on ne devrait pas, que le comique n'est là que pour recouvrir pudiquement ce qui est dit sur la lutte des classes, sur les passerelles culturelles qui n'existent pas, sur la lâcheté, sur la condescendance du soi-disant instruit, sur le manque de communication.

Et sur le manque... d'AMOUR.

(Ça fait beaucoup de bien de sentir une salle bien remplie vibrer à l'unisson, sentir qu'en 67 minutes des spectateurs rient, découvrent pour beaucoup le génie de Raphaël Quenard, réfléchissent, et finissent avec les larmes aux yeux. Avec pour la plupart une seule envie, dire : « Nous on T'AIME Yannick »)

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Cette (lointaine) adaptation de Henry James est très certainement le film le plus envoûtant et le plus clivant de la semaine. Et je dois dire que j'ai eu peur durant les premières minutes, ne voyant que le jeu théâtral, le côté poseur, puis très progressivement je me suis retrouvé en état de fascination, presque d'hypnose face à cet objet, absorbé par la musique et la danse-transe.

Patric Chiha utilise quelque part les mêmes moyens que dans son incroyable doc "Si c’était de L’Amour", il mélange ça à une atmosphère qui se rapproche de celle des "Rencontres d'après-minuit" de Yann Gonzalez.

En ressort un cinéma qui en excluant la narration crée la sensation...

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Qu'on aime ou non Catherine Breillat il est rassurant de constater que son cinéma reste toujours aussi clivant, qu'il fait encore passer dans les salles quelques murmures de réprobation. Même si elle n'est plus aussi frontale - L'époque ne le permettrait plus - qu'à ce que je considère comme sa grande période, celle de "À ma sœur !" ou "Parfait amour !", elle continue à questionner la morale, à filmer le désir, la jouissance.

Et ici elle le fait en se reposant sur une actrice extraordinaire, Léa Drucker, qui semble s'être totalement abandonnée à son rôle, en jouant du contraste entre le glauque d'une situation et le solaire, en captant, et c'est sa grande force, les regards, les moments où tout se joue par le corps autant que par les mots.

Je ne l'attendais plus aussi en forme, je ne la savais plus capable de me mettre le frisson uniquement par la force de sa mise en scène, par une voiture roulant au son des Sonic Youth, de me serrer le cœur en faisant résonner Léo Ferré.

NB : Olivier Rabourdin est fantastique.

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"Vincent doit mourir" est le genre de film qui laisse espérer des lendemains qui chantent pour un cinéma français qui a encore globalement tendance à se regarder le nombril. On est dans du cinéma de genre, ou plutôt du cinéma de tous les genres, car si les nostalgiques de Mad Movies vont prendre leur pied, l'humour et la réflexion politique ne sont pas oubliés. Ou encore l'amour car il pourrait bien être la seule chose qui nous reste dans ce monde qui se désagrège.

On pense bien entendu beaucoup à Romero qui questionnait lui aussi la société avec ses zombies, et Stéphan Castang s'empare du sujet de la violence, de notre rapport à celle-ci avec une grande acuité, truffant son scénario de détails parlant, qu'on captera ou non, comme par exemple la voix d'une certaine Elisabeth Levy sortant d'un auto-radio.

Et grand respect à Karim Leklou, encore une fois monstrueux, qui doit avoir l'embarras du choix et qui continue à s'investir dans de tels projets, à donner sa chance à de tels premiers films. Et Vimala Pons est la preuve de l'existence de Dieu.

NB : Si j'en crois les réactions à la sortie de la projection le film atteint son but, une partie du public a eu du mal à supporter la violence sans fard, même si parfois laissée hors champ, à l'écran. Sans compter ceux qui sont sortis en cours de route.

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Heureusement il n'y a pas que des propositions faussement décalées actuellement dans les salles, il y en a aussi des vraies, des pures, qui ne plairont certes pas à tout le monde mais qui ne répondent à aucune mode, à aucune époque, à aucun cahier des charges.

Ce nouveau film de l'agriculteur-cinéaste Pierre Creton, digne cousin artistique d'un Alain Guiraudie, est libre, filme la sexualité sans effet, des corps considérés comme imparfaits sur le même plan que la beauté de la nature. "Un prince" raconte entre autres les apprentissages, à tous les niveaux, le désir, le souvenir, au son de voix off magnifiquement littéraires et incarnées (par Grégory Gadebois et Mathieu Amalric).

Je suis sorti de là chamboulé, ému, poursuivi de longues heures par la musique de Jozef van Wissem.

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Enfin j'ai été totalement emporté par Caroline Poggi et Jonathan Vinel, cette fois aucune réserve à exprimer ni doutes sur la sincérité de leur étrangeté/radicalité. Et c'est triste à dire mais la raison est probablement celle-ci : ce film est une commande, de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, ils ont donc pu faire sauter les digues, y aller à fond dans l'expérimental, le mélange des matières cinématographiques et musicales, le nihilisme 2.0 virtuel. Le résultat est dingue, étrange, d'une beauté singulière, et cerise sur le gâteau, il y a derrière tout ça une vraie philosophie, un message passionnant et bien moins basique que celui de leur récent "Eat the Night", objet qui m'avait agacé autant qu'envoûté.

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Léonor Serraille orchestre une fresque symphonique familiale en mode mineur mais en émotion majeure, avec en creux un très beau portrait de mère mais surtout de femme courageuse et fière. Et puis il y a le ton choisi pour raconter les choses, les raconter oui le faire de manière sentencieuse, les asséner non. Car cette étonnante réalisatrice, capable de passer de "Jeune femme" à ça, niche son message farouchement politique dans l'élan romanesque introduit notamment par l'écoulement des années, par l'ellipse, sans avoir besoin de créer des ogres pour qu’on croit au conte. Et Annabelle Lengronne est prodigieuse.

Ce "Un petit frère" est reparti bredouille de Cannes, sa moyenne n'est pas folle ici, à croire que ne pas faire caca sur les spectateurs rend désormais transparent...

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A chaque fois que sort un nouveau Loach-Laverty j'ai peur qu'advienne le moment où je vais me lasser de leur manichéisme, de leur utopie naïve, de leurs caricatures. Mais ce ne sera pas encore pour cette fois alors que pourtant les frileux échos cannois me faisaient craindre le pire.

Alors oui c'est naïf, les Bisounours ne sont pas loin, mais au bout de cinq minutes je m'en fous complètement car je me sens bien chez eux, j'aime pleurer avec eux, exploser le paquet de Kleenex quand Mara s'en va, j'aime ces accents, ces personnages qu'on a envie de serrer dans nos bras, ce mélo qui dit son nom, cet humanisme qui dans la vraie vie est intenable mais qui, encore heureux, a toute sa place au cinéma. La conclusion, qui a en a hérissé beaucoup si j'ai bien compris, en est le symbole.

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Donc j'ai aimé un film de vieux c.. égotique ? Ça en dit plus sur moi que sur Nanni... (cf critique)

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Voici un film qui mérite amplement d'être vu sur grand écran, car malgré son apparente modestie avec son format carré et son histoire d'une extrême simplicité, il y a un point de vue de cinéaste à chaque seconde : gros plans omniprésents pour capter l'émotion dans les yeux et les visages, caméra qui épouse les peaux, les mains pour mieux souligner cet amour fusionnel, animation qui rythme et complète le récit.

Et puis il y a le fond, la manière d'être politique sans rien expliquer ni souligner, pour mieux laisser toute la place à Cléo et Gloria. A leurs rires, à leurs pleurs, à leurs liens que ni le temps ni la distance ne pourront briser.

Marie Amachoukeli filme l'enfance de manière aussi profonde que Jacques Doillon dans "Ponette". Et la vérité qui en ressort m'a rappelé celle d'un Pialat.

(Ou quand tu te retrouves comme un c.. à chialer en entendant du Nilda Fernández ...)

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Il y a donc deux occasions de crier « Viva Cinéma » cette semaine puisqu'en plus de l'OFNI "De humani corporis fabrica" on trouve parmi les sorties de ce mercredi un autre film qui tente des choses en permanence, s'aventure en dehors des chemins balisés au risque de cliver. Et c'est clairement le cas de cet "Envol" si j'en crois sa moyenne, un film qui sous ses apparats de film en pantoufle propose du septième art à chaque plan, jouant avec les formats, travaillant un grain sublime, mêlant de la chanson quasiment de variété au classicisme de la partition écrite par Gabriel Yared.

Bref après la merveille "Martin Eden" Pietro Marcello prouve une nouvelle fois qu'une romance, un film d'époque, qu'importe le genre, peut être transcendé par un geste de pur cinéaste.

Je m'en voudrais de ne pas glisser un mot à propos du casting : Raphaël Thiéry est colossal à tous les sens du terme et la nouvelle venue Juliette Jouan pourrait bien faire parler d'elle dans le futur.