Les meilleurs premiers films des réalisateurs selon Marius Jouanny
27 films
créée il y a presque 10 ans · modifiée il y a environ 1 anLa Nuit du chasseur (1955)
The Night of the Hunter
1 h 32 min. Sortie : 11 mai 1956 (France). Drame, Thriller, Film noir
Film de Charles Laughton
Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Douze Hommes en colère (1957)
12 Angry Men
1 h 36 min. Sortie : 4 octobre 1957 (France). Policier, Drame
Film de Sidney Lumet
Marius Jouanny a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Huis-clos foudroyant, "12 hommes en colère" mérite bien toutes les louanges qu'on lui fait, quasiment 60 ans après sa sortie. En 1h 30, Sidney Lumet, dont c'est le premier film, construit un microcosme sociétal fascinant, 12 jurés sur le point de rendre leur verdict, mettant en jeu la vie d'un jeune homme de 18 ans. L'écriture tient du génie absolu : la caractérisation de ces douze protagonistes, d'une finesse rare, se fait en parallèle d'un déroulement par coups de théâtres parfaitement orchestré.
Lumet place ces jurés quasiment sur un pied d'égalité, bien que l'excellentissime Henry Fonda se démarque rapidement : il est le seul, au début du film, à douter de la culpabilité du supposé meurtrier. L'atmosphère s'échauffe, faisant sentir ce moment d'étouffement avant l'orage, les voix d'élèvent dans une effusion de répliques cinglantes, portés par des acteurs tous remarquables...
Discrète mais d'une efficacité à toute épreuve, la caméra multiplie quelques plans-séquences bien envoyés, renforçant la virtuosité théâtrale du film. Mais c'est le fond, touffu, vertigineux, qui l'emporte : ce que Lumet dit sur la prétendue impartialité de la justice, sur ces vies placées au banc des accusés qui ne tiennent qu'à un fil, sur les préjugés... Au vu des douze personnalités développées, la démarche est profondément sociologique, et c'est aussi une réussite de ce côté-là. Un cas d'école indispensable, terrassant de pertinence.
Akira (1988)
2 h 04 min. Sortie : 8 mai 1991 (France). Animation, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Katsuhiro Ôtomo
Marius Jouanny a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Comme je l’espérais, « Akira » synthétise avec brio en deux petites heures la force métaphysique qui émane de l’écrasante série de manga dont il est l’adaptation. Il retranscrit d’abord cet univers sombre, poisseux et dense qui fait tout le charme des deux œuvres : les buildings, quartiers industrielles, laboratoires et complexe militaire souterrain de ce Néo-Tokyo en 2019 prennent vie sous nos yeux avec une inventivité visuelle foisonnante. Dans cette optique, l’excellente et envoutante bande-son rajoute une dimension supplémentaire, fusionnant avec l’action et les décors par des envolées audacieuses et ébouriffantes.
Le film plante donc le cadre et les personnages aussi pertinemment que le manga, réduisant évidemment le nombre de lieux et de protagonistes sans trop perdre de son épaisseur dramatique. Mais si toute l’énergie du cinéma d’animation japonais est déversée durant de nombreuses séquences de course-poursuite et de tueries explosives au rythme virtuose, le film s’attarde trop peu sur la déconstruction du récit. En effet là où le manga s’attarde longuement et justement sur la puissance destructrice de Kaneda jusqu’à transformer Néo-Tokyo en ville post-apocalyptique pour continuer sur cette rupture, le film n’a pas d’autre choix que de s’arrêter sur cette acmé sous forme de déflagration psycho-nucléaire. C’est un peu frustrant, et je ne peux pas m’empêcher d’imaginer le chef-d’œuvre qu’Otomo aurait pu réaliser avec une heure ou deux de plus. La fin du film atteint tout de même brièvement une abstraction mystique et cosmique, comblée par la grâce, rappelant aussi bien Kubrick, Moebius, Jodorowsky ou bien le documentaire « Koyaanisqatsi ».
La Tortue rouge (2016)
1 h 20 min. Sortie : 29 juin 2016. Aventure, Animation
Long-métrage d'animation de Michael Dudok de Wit
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Perfect Blue (1997)
1 h 21 min. Sortie : 8 septembre 1999 (France). Animation, Épouvante-Horreur, Thriller
Long-métrage d'animation de Satoshi Kon
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Un très bon Satoshi Kon. Si la qualité de l'animation laisse parfois un peu à désirer, la narration, les personnages et le propos du film donnent le vertige : intimiste, chaotique, étrange, très symbolique, Perfect Blue développe ses personnages avec une rare intensité, et un aura mystérieux qui scotche.
Les Duellistes (1977)
The Duellists
1 h 37 min. Sortie : 31 août 1977. Guerre, Historique, Drame
Film de Ridley Scott
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Le Retour (2003)
Vozvrashcheniye
1 h 46 min. Sortie : 26 novembre 2003 (France). Drame
Film de Andreï Zviaguintsev
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ce premier long-métrage de Zvyagintsev est magistral. Evidemment, la parenté avec Tarkovski est flagrante, du choix des décors à la longueur des plans, mais le réalisateur trouve son propre credo avec une narration moins distanciée, sans pour autant perdre en subtilité dans le développement des personnages. La famille, thème central de son cinéma, est ici vue par le prisme de deux enfants dont le père revenu après douze ans d'absence les emmène en vacances. Le besoin d'amour de l'un comme de l'autre, exprimé différemment, fait se dérouler le récit dans une ambivalence douce-amère, jusqu'aux dernières séquences dans cette île qui parachève les intentions du film avec un certain génie, tant le sentiment d'incompréhension et d'irrésolution dans les agissements du père laisse un sentiment profond et diffus de mélancolie. L'irruption du symbolisme se fait alors avec une certaine subtilité, malgré la brutalité du retournement scénaristique.Tant de maîtrise dans la mise en scène et dans la narration dès la première réalisation, tout cela annonçe une filmographie riche et précieuse. Ce qui est brillant, c'est que le film se veut tout autant une expérience de cinéma visuellement très riche et un portrait très intimiste d'une famille dont l'entente est basée sur le non-dit pour le meilleur comme pour le pire.
Duel (1971)
1 h 30 min. Sortie : 21 mars 1973 (France). Action, Thriller, Road movie
Téléfilm de Steven Spielberg
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Reservoir Dogs (1992)
1 h 39 min. Sortie : 2 septembre 1992. Gangster
Film de Quentin Tarantino
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Donnie Darko (2001)
1 h 53 min. Sortie : 30 janvier 2002 (France). Drame, Science-fiction
Film de Richard Kelly
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Certes, il est indéniable que la forme tape-à-l’œil de "Donnie Darko" et son mysticisme mâtiné d'astrophysique prêtent le flanc à des critiques, et je comprends que certains n'y aient pas trouvé leur compte. Mais pour moi, c'est avant tout un trip onirique d'une beauté folle, qui trouve un échappatoire salvateur au sentiment d'absurde et de désespoir du personnage principal.
Il reprend les repères chargés d'affects du cinéma de genre américain et plus particulièrement du teen-movie (la banlieue, les couloirs du lycée) pour les regarder d'un nouvel angle, à la fois nostalgique et acerbe quant à l'endoctrinement religieux sur la leçon qu'on est censé assimiler sur le dépassement de soi, etc. En cela, Donnie Darko propose un recul critique qui fait de lui bien plus que le film culte pour ado qu'il semble être au premier abord. Le nihilisme de Donnie en devient iconoclaste et fait gagner le personnage en consistance. Le climax n'en brille que d'autant plus, exprimant une émotion rare et précieuse. Tout cela me fait foutrement regretter de ne pas avoir vu le film en version longue. Mais le voir au ciné en version restauré, c'est déjà quelque chose tant l'onirisme des scènes baignées dans une playlist parfaite est un pur plaisir de cinéma.
Dans la peau de John Malkovich (1999)
Being John Malkovich
1 h 52 min. Sortie : 8 décembre 1999 (France). Comédie, Drame, Fantastique
Film de Spike Jonze
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Après avoir vu "Her", il est passionnant de voir qu'on retrouve les mêmes thèmes, les mêmes obsessions chez Spike Jonze dés son premier film. Il réalise ici comme avec "Her" une véritable réflexion sur le désir humain. Des acteurs brillants et parfois hilarants, un univers particulièrement touchant, la patte du réalisateur est posée dés les premières séquences. Le film est évidemment moins abouti que "Her", notamment dans l'écriture de ses personnages, mais les idées qu'il développe sont tout bonnement fascinantes, et il pousse le concept de son film jusqu'au bout, ce qui est pour le moins remarquable.
Little Odessa (1994)
1 h 38 min. Sortie : 4 janvier 1995 (France). Policier, Drame
Film de James Gray
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
James Gray propose un premier film magistral. Dans l'écriture, les personnages sont tellement bien campés qu'on parvient à un équilibre rare, où malgré les actes terribles de chacun d'entre eux, on ne peut moralement en départager aucun : tout manichéisme est ainsi balayé avec une intelligence rare. Du côté de la forme, les silences très évocateurs emplissent le film d'une mélancolie qui en fait un excellent représentant du film noir.
Night Call (2014)
Nightcrawler
1 h 57 min. Sortie : 26 novembre 2014 (France). Drame, Film noir
Film de Dan Gilroy
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
voir critique.
Le Fils de Saul (2015)
Saul fia
1 h 47 min. Sortie : 4 novembre 2015 (France). Drame
Film de László Nemes
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
voir critique.
Naissance des pieuvres (2007)
1 h 25 min. Sortie : 15 août 2007. Drame, Romance
Film de Céline Sciamma
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
L'épure de la mise en scène est désarmante, et rend très touchante ces émois d'adolescentes tourmentées. Sciamma décide de s'en tenir à l'essentiel : on ne voit jamais leurs parents, on suit les personnages à un nombre limité d'endroits, sur un temps court. Si un tel dispositif ne peut pas produire un drame en bonne et due forme, il peut conduire à un intimisme à fleur de peau, et c'est exactement ce qu'il fait. Et finalement, il n'en parle que d'autant mieux des contradictions de l'adolescence, des espoirs et des aspirations éveillés, permettant ainsi au spectateur de se projeter jusqu'au vertige dans la position ambiguë du personnage principal.
Virgin Suicides (1999)
The Virgin Suicides
1 h 37 min. Sortie : 27 septembre 2000 (France). Drame, Romance
Film de Sofia Coppola
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Sofia signe ici un premier film déjà d'une maîtrise remarquable : éblouissant dans ses jeux de lumières et son esthétique générale, astucieux et fascinant dans sa narration du point de vue de ce groupe d'adolescent voyeur. Ces alter-ego masculin aux cinq superbes créatures qui sont le centre du film ajoutent un regard tendre, nostalgique et sensuel à un drame touchant. Il y a du "Pique-nique à Hanging Rock" dans ce "Virgin Suicides" : sa manière presque fétichiste de rester dans la suggestion et le mystère qui entoure ces cinq sœurs laisse admiratif.
Citizen Kane (1941)
1 h 59 min. Sortie : 3 juillet 1946 (France). Drame
Film de Orson Welles
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
La gloire et déchéance de Kane, interprété par Orson Welles lui-même, est traitée ici avec une distanciation troublante, qui rend le personnage si fascinant et froid, quasiment incompréhensible. Le film m'a donné un peu la même impression que "Le Troisième Homme" dans lequel joue aussi Welles : un récit captivant mais peu chargé en émotions. Il perd en attachement ce qu'il gagne en rythme, un tempo qui est ici irréprochable : Orson Welles soigne son cadre et nous offre un monument du cinéma. Effets de transitions sonores et visuels remarquables et virtuoses, lumières et techniques splendides... Les plans aériens, une marque de fabrique du réalisateur, sont là aussi particulièrement réussis. Welles impose un style de réalisation admirable et unique dés son premier film, bien qu'il ne m'as pas vraiment ému.
Enfin, la réflexion qu'il propose sur la construction de l'individu, toute la névrose et les contradictions du personnage qui pourrait être analysée d'un point de vue psychanalytique, achève de faire de "Citizen Kane" un incontournable du 7ème art. Sa narration disloquée est à l'origine d'une omniscience volontairement inconfortable pour le spectateur : il apprend dés le début la tragique histoire de Kane, et y assiste tout au long du film avec un sentiment d'impuissance et de gâchis. Le mystère qui voile l'intrigue et surtout le personnage principal jusqu'aux derniers moments du film participe enfin à la fascination qu'on éprouve pour Kane : l'idéaliste accablé, l'indifférent qui ne voulait pas être traité avec indifférence.
Sang pour sang (1984)
Blood Simple
1 h 36 min. Sortie : 3 juillet 1985 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Joel Coen et Ethan Coen
Marius Jouanny a mis 8/10.
La Balade sauvage (1973)
Badlands
1 h 34 min. Sortie : 4 juin 1975 (France). Road movie, Drame, Policier
Film de Terrence Malick
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Martin Sheen et Sissy Spacek vivent tous deux, après une rocambolesque fugue, en autarcie dans la nature, ou une certaine vision du bonheur absolu. Un bonheur qui serait d’ailleurs parfait si Sheen ne tuait pas tout ce qui bouge à la moindre occasion simplement par précaution et nonchalance. Pour son premier film en 1973, Terrence Malick ne brille pas par l’originalité de son script : dans la pur tradition d’un « Bonnie and Clyde » de Arthur Penn (d’ailleurs remercié au générique) sorti six ans auparavant ou « Sugarland Express » de Spielberg sorti l’année suivante, il réalise une cavale dans la campagne profonde des Etats-Unis, un road-movie où les cadavres s’accumulent sous le nihilisme exacerbé de son personnage principal. Car la dynamique dramatique est ici tout de même un peu différente : Sheen embarque sa superbe rousse teenager sans oublier de tuer son père au préalable, et celle-ci se laisse emporter moins par ardeur ou choix délibéré que par curiosité juvénile.
Non, Malick tire ici son originalité dans l’ode naturaliste qui dominera la quasi-entièreté de sa filmographie. Ces superbes paysages d’horizons désertiques, ou de végétation luxuriante, parfois mise en valeur par l’excellent morceau classique « Gassenhauer » de Carl Orff fait apparaître une osmose idyllique. Le contraste qu’il opère entre cette nature si belle et cette société américaine si castratrice et engluée par les contraintes matérielles est fulgurante, tout comme la tranquillité, l’insouciance de notre superbe duo, en déconnexion totale avec leurs actes. La voix-off est juste, et même si tout cela sent beaucoup l’amateurisme (un des rares films avec une perche dans le champ de la caméra aussi flagrante !) et manque d’ambition narrative, son rythme faiblit peu et l’empathie, même si elle est déréalisée par les comportements insensés de Sheen, est bien présente.
(500) jours ensemble (2009)
(500) Days of Summer
1 h 35 min. Sortie : 30 septembre 2009 (France). Comédie romantique, Drame
Film de Marc Webb
Marius Jouanny a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
voir critique.
Les Quatre Cents Coups (1959)
1 h 39 min. Sortie : 3 juin 1959. Policier, Drame
Film de François Truffaut
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Truffaut propose une introspection dans la vie d'un enfant criante de vérité, et d'autant plus émouvante qu'elle est d'une sobriété et d'une pudeur très mature pour un premier long-métrage. Le traitement de la vie de cet enfant qui fugue une cellule familiale éprouvante m'a étrangement beaucoup évoqué "Un condamné à mort s'est échappé" de Bresson. Mais la comparaison ne me paraît pas si absurde, tant il s'agit dans les deux cas d'un individu face à un système qui l'enferme et qui l'opprime.
Persepolis (2007)
1 h 36 min. Sortie : 27 juin 2007. Animation, Biopic, Drame
Long-métrage d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (Winshluss)
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Énième visionnage. Note inchangée : 8.
N’y connaissant rien en cinéma français, celui-ci reste l’un de mes favoris. Il faut dire que la maîtrise du fond comme de la forme en fait un cas d’école en matière de cinéma d’animation français. Le travail d’adaptation est intelligent tout d’abord : Marjane épure le récit autobiographique de sa bande dessinée pour n’en garder que l’essentiel, et se permet de rajouter certains éléments qui n’étaient pas dans l’œuvre originale : si bien que le film est parfaitement complémentaire à la BD, bien que celle-ci reste plus complète et poignante. Cette épure impose en tout cas un rythme au cordeau : la fluidité réside dans les transitions, l’humour irrésistible au milieu du drame, notamment par un langage peu châtié, et une bande-son particulièrement bien travaillée.
En passant sans complexe de la couleur au noir et blanc pour les changements d’époques, et à une épure stylistique encore plus prononcée pour les passages de narrations historiques, le film est dense, propose à la fois une lecture historique de l’Iran des années 70 à 90 et le parcours d’une femme, de son enfance à son adulescence. Formellement, c’est aussi une petite merveille : le savoir-faire visuel est prodigieux, impressionnant de simplicité, d’expression et d’efficacité. Le mérite n’est d’ailleurs pas entièrement dû à Marjane mais aussi à Vincent Paronnaud co-réalisateur du film, connu sous le nom de Winshluss pour sa casquette d’auteur de BD, autre grand auteur de la BD indépendante des années 2000. « Persepolis », se voulant à la fois universel, intimiste, drôle, émouvant, parvient à un résultat peu commun, lançant la carrière ciné d’une réalisatrice plutôt discrète depuis. « The Voices » qu’elle a sortie l’année dernière est néanmoins tout aussi inventif et réjouissant, et son prochain long-métrage est prévu pour l’année prochaine. Marjane ne s’est donc pas non plus éclipsée du paysage cinématographique après ce premier film, bien qu’elle ai malheureusement arrêtée la BD depuis 2004.
The Witch (2016)
The VVitch: A New-England Folktale
1 h 32 min. Sortie : 15 juin 2016 (France). Épouvante-Horreur, Drame, Fantastique
Film de Robert Eggers
Marius Jouanny a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Le Faucon maltais (1941)
The Maltese Falcon
1 h 40 min. Sortie : 31 juillet 1946 (France). Film noir
Film de John Huston
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
« Le Faucon maltais » est une alchimie élégante synthétisant toutes les qualités des films noirs. Si la mise en scène n’est pas éclatante d’audace, bien que terriblement efficace et bien huilée, c’est surtout son écriture qui me délecte pleinement. Il y a tout d’abord ces dialogues, si fins, et si superbement envoyés par Humphrey Bogart, faisant très souvent mouche jusqu’à l’hilarité. Il y a ensuite cette intrigue, qui accompli un vrai tour de force : plutôt complexe sans en rajouter des tonnes, elle ne perd jamais le spectateur comme « Le Grand Sommeil » peut le faire. On n’échappe pas non plus à quelques flamboyantes allusions sexuelles, dont le fameux : « si je ne vous dis rien, vous ferez encore quelque chose de sauvage et imprévisible ? ».
Toute cette mascarade est déjà satisfaisante en soi, mais elle se transcende par les différents portraits significatifs que Huston, qui signe le scénario d’un de ses premiers films ici, brosse avec pertinence. L’avidité et les traîtrises des uns et des autres, le cynisme non sans faiblesse de Bogart : l’humour du film cache bien une noirceur dénonçant l’individualisme de la société américaine. Et ce final, si beau, fort et castrateur, enfonce magnifiquement le clou.
Le Château de Cagliostro (1979)
Rupan sansei: Kariosutoro no shiro
1 h 40 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Action, Aventure, Animation
Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki
Marius Jouanny a mis 8/10.
Derniers jours à Shibati (2017)
1 h. Sortie : 28 novembre 2018.
Documentaire de Hendrick Dusollier
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Au regard de ses précédents courts-métrages, on pourrait croire que ce qui intéresse Hendrick Dussollier dans ce documentaire sur la destruction d'un quartier pauvre d'une métropole chinoise est la décrépitude urbaine, sa volonté d'uniformisation et de destruction de la marge. Mais en fait, il s'agit plutôt d'un travail de mémoire, celle de ce quartier qui perd toujours plus de superficie et d'habitants à chaque fois qu'il retourne le voir. Cela ne l'empêche pas de retrouver à chaque fois quelques visages récurrents, un coiffeur, une veille femme qui fait les poubelles et un jeune garçon qui vivent ces transformations chacun à leur manière. Il y a dans son regard une bienveillance profonde, qui s'efface au profit de son sujet sans pour autant nier en faire partie, puisqu'il met aussi en scènes les interactions qu'il peut avoir avec ces personnes. Ainsi, il semble ajouter une pierre à l'édifice que construit Wang Bing depuis les années 2000, rendre compte de différents milieux sociaux chinois et regarder les individus avec empathie pour montrer toute leur singularité. Un dispositif simple donc, mais qui ne peut faire mouche sans un très bon travail de montage, qui est ici remarquable.
Alien³ (1992)
1 h 54 min. Sortie : 26 août 1992 (France). Science-fiction, Épouvante-Horreur
Film de David Fincher
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Premier film de David Fincher, qu'il a d'ailleurs lui-même répudié, Alien 3 est passé à deux doigts de l'accident industriel. Avec un tournage aussi chaotique, le film aurait dû être mauvais, mais c'était sans compter le talent d'un réalisateur, qui n'avait rien d'un novice même à l'époque.
Les incohérences brandies par les détracteurs du film sont finalement assez minimes par rapport à ses grandes qualités. Un cadre pénitencier nettement plus intéressant que le trip para-militaire de Cameron, avec comme personnages accompagnant Ripley une vingtaine de tueurs et de violeurs... C'est pourtant dans cet épisode qu'on assiste enfin à une relation sexuelle consentie entre Ripley et un médecin, dont les crimes sont passés sous silence.
Tout dans ce film inspire l'admiration tellement ses parti-pris sont osés : faire noyer la petite fille du deuxième épisode dés le générique de début raser la tête d'une Sigourney Weaver qui a la classe plus que jamais... Et une mise en scène réjouissante, avec notamment ces plans en vue à la première personne de l'Alien plutôt innovants. On a affaire ici à l'épisode le plus désespéré de la série, et sans doute le plus tragique. Une belle réussite.