"Animals" a, tout d'abord, une pochette totalement atypique. Certainement l'une des plus belles de leur carrière. J'aurais adoré voir voler un de leurs cochons au-dessus de moi en concert... On ne le dit pas beaucoup, mais Mason a fait parti des initiateurs du projet, tandis que les trois autres étaient plutôt désintéressés. Il a toujours été le "mec sympa avec tout le monde", Mason. C'est sans doute pour ça que c'est le seul à être resté sur tous les albums... D'ailleurs, c'est avec "Animals" qu'il m'a épaté pour ses partitions à la batterie. Il pète le feu, il assure, rien à redire.
C'est avec ce disque que, vraiment, Waters prend le pouvoir. Il n'y a qu'un titre signé à plusieurs, et seulement à deux, avec Gilmour. Wright et Mason deviennent musiciens. Autant le second montre ici tout son talent, autant le premier est ici effacé, à part un solo au début de "sheep" il se fait plutôt discret... pourtant, c'est un vrai album de groupe, malgré tous ces éléments ! Ils jouent tous les quatre, ils jouent du bon vieux rock, du vrai, du corrosif, de l' irrévérencieux, de l'anti-commercial, et ils jouent merveilleusement bien, pour un concept critique génial inspiré d'un livre tout aussi génial même si flippant, "la ferme des animaux". Longue phrase, ça...
En fait, le seul petit point faible, c'est l'intro et la conclusion. Deux titres acoustiques de Waters de moins de deux minutes. Ça sert à rien, c'est nul, c'est une fausse bonne idée. On est pas là pour ça, on est là pour les trois autres, et là c'est quasi un sans-faute ! "Dogs" est extra-ordinaire. Le solo est d'une violence magnifique, les diverses ambiances donnent une allure de mini-Symphonie rock, et surtout le final, en forme de Révolution avec sa puissance progressive... Bandant ! Ça c'est de la musique, nom de Dieu ! "Pigs, Three Differents One" a des paroles un peu primaires ("Homme porc, ah ah ! Te voilà démasqué... sérieux ?) mais un propos toujours plus acerbe et audacieux. Et puis, la partie où ils s'amusent à imiter des bruits de porcs avec leurs instruments, et la partition de la guitare derrière qui monte en puissance, comme une démesure progressive dans la débauche... cette partie-là est absolument géniale. Il manquera juste à cette chanson un final digne de celui de "Dogs" ou de la suivante, "Sheep". Cette chanson-là qui est d'ailleurs celle la plus citée du disque. C'est aussi la seule de l'album qui a une vraie transition à la sauce Pink Floyd. Là-aussi, c'est la fête macabre, l'appel à la révolte. Un titre qui rend heureux. Et comme je l'ai suggéré il y a quelques lignes, le final est énorme. On sentirait la campagne tellement l'ambiance parait campagnarde, c'est vraiment une performance.
Cet album a une place particulière chez les Floyd. On l'oublie souvent. Mais lorsqu'on le découvre, on le place illico parmi les meilleurs du groupe. Certes, c'est pas le plus accessible. Certes, c'est un des meilleurs.