RATATAT est un groupe de musique instrumentale, composé du guitariste Mike Stroud et du producteur (mais également bassiste) Evan Mast. Ils mélangent sonorités électroniques et instruments plus conventionnels. En particulier, la signature du groupe est l'utilisation, pour jouer les mélodies, d'une guitare électrique. Il est difficile de trouver une source d'influence fixée au son du groupe, qui est assez indescriptible hormis par un très évident et auto-référent "c'est le son RATATAT". Le groupe se fait aussi mutique que sa musique, et les interviews sont assez rares.
Deux ans après leur premier album, le groupe sort son second album studio, Classics, en 2006. Trois singles l'accompagnent : Lex, Wildcat et Loud Pipes.
Montanita
Montanita reprend les choses presque là où on avait laissé à l'album précédent, mais on sent tout de suite que les musiciens ont pris confiance et composent des morceaux plus aboutis. Découpé en trois parties assez distinctes, le morceau est bien plus riche en sonorités qu'aucun de ses prédécesseurs, à part peut-être El Pico. Même si ce n'est pas le morceau le plus réussi de l'album (chacune des trois parties se contente essentiellement de répéter sa boucle de quelques notes), ça reste une très bonne entrée en matière.
Lex
On attaque le premier single de l'album, lancé sur un rythme très sautillant. La guitare déboule assez rapidement avec énergie et on poursuit comme ça le temps de quelques riffs bien sympathiques. La guitare se calme le temps d'une petite nappe de synthé avant de repartir sur une mélodie très espiègle, ronde et enjouée jusqu'à la fin du morceau.
Gettysburg
Et voilà qu'arrive le morceau le plus long de l'album, au milieu, soulignons-le, d'une avalanche de cinq morceaux durant tous plus de quatre minutes. Ce morceau atteignant, donc, cinq minutes vingt-six. Il commence par un motif de guitare basique auquel se rajoute une ligne de basse et un rythme tout aussi basiques. Une mélodie très lente et aérienne rejoint le tout pour environ une minute quarante. Après un petit break, on a le droit à la même formule mais sur une mélodie légèrement différente. On est clairement sur des echos de Everest ou Lapland de l'album précédent, qui n'étaient pas de franches réussites. Pas désagréable mais, comme ses prédécesseurs suscités, oubliable, et sans doute un poil trop long.
Wildcat
Deuxième single de l'album, immédiatement reconnaissable avec son gimmick de rugissement de panthère. Le morceau commence selon le schéma monotone qu'on commence à connaître, mais arrive à s'en délivrer après deux bonnes minutes dans une partie ayant bien plus de peps. C'est le genre de morceau qui aurait rapidement tourné en rond dans l'opus précédent, mais qui se trouve ici sauvé par une volonté de compléter le morceau par quelques sonorités nouvelles. Ça reste, néanmoins, bien éloigné des fulgurances mélodiques dont sont capables les deux compères.
Tropicana
Le début du morceau, assez mécanique, peut faire un peu peur, mais rapidement déboule un motif de clavier qui laisse littéralement sur les fesses, malgré sa brièveté. Il ouvre la voie à une deuxième partie de morceau où la guitare règne en maître et vient envelopper le motif rythmique pour lui donner toujours plus de volume et de corps. Un régal.
Loud Pipes
Le troisième et dernier single ouvre une seconde partie d'album constitués de morceaux plus courts (seul le dernier morceau de l'album fait plus de quatre minutes). Et il l'ouvre d'ailleurs très bien, avec un riff absolument irrésistible où basse et guitare s'entremêlent pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Le morceau est constitué de trois parties assez distinctes qui se répètent deux fois, toutes en variations sur le thème principal. Pas de superflu et pas de simplisme non plus, c'est du loud et c'est du lourd.
Kennedy
Avec une ligne de basse assez sympathique, quelques parties de clavier plutôt bien vues, et une guitare bien présente pour délivrer ses accords, ce morceau a tout pour décoller, mais n'y arrive, étrangement, jamais. Un phénomène assez mystérieux qui donne au morceau un aspect très fouillis et parfois cacophonique (les percussions prennent sans doute un peu trop d'espace en dernière partie de morceau). Assez dommage.
Swisha
Première fois que l'on surprend de la guitare acoustique chez Ratatat, mais nous l'accueillons avec plaisir tant le résultat est réussi. Pas d'inquiétude, la guitare électrique reste toujours à l'affut et se fait plus sombre et torturée qu'auparavant. A noter, encore une fois, un passage d'orgue en milieu de morceau, moins mélodique que dans Tropicana et plus aérien, mais du plus bel effet malgré tout. Un très bon morceau, très mélancolique.
Nostrand
A force de parler de la guitare, on en oublie de parler de la basse, et pourtant c'est elle ici qui règne en maître dans la première partie de morceau, quelques accords de guitare venant ponctuer sa progression. La seconde partie de morceau est plus classique, avec une guitare toute en force et en énergie. Ce morceau, le plus court de l'album, s'achève dans une troisième partie assez tiède et oubliable, mais demeure globalement sympathique.
Tacobel Canon
Un petit hommage à Pachelbel pour terminer. Construit sur le même principe que son illustre inspirateur, c'est une vraie petite réussite pour terminer l'album, même s'il n'y a pas grand chose à en dire tant le procédé est classique (sans jeu de mot).
Classique, on a beau chercher, c'est le mot tout trouvé pour désigner cette livrée de RATATAT. Un album dans la continuité du précédent mais qui emmène le concept plus loin avec de nouveaux sons, et qui définit bien la musique du groupe. Mais le souci d'explorer de nouveaux territoires sonores ne va pas s'arrêter là.