Le mal-aimé ?
Tame Impala est une façade. C'est ce que semble découvrir une partie du monde alors qu'en réalité, Kevin Parker l'affirme depuis Innerspeaker (2010). Si d'autres musiciens ont bien fondé le groupe...
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le 19 juil. 2015
58 j'aime
Tame Impala sort son 3eme album et c'est sans doute un des événements de l'année. Le Jésus en tongs, le Messie de Perth, le boulimique de la phaser, nous accorde 13 nouveaux morceaux. Que dire de Kevin Parker, cerveau omniscient de ce groupe bicéphale qui change de forme selon qu'il est en studio ou en tournée. Peut-être dire que Kevin Parker marche sur l'eau depuis quelques années, tout ce qu'il touche se transforme en platine. De sa collaboration fabuleuse avec Melody's Echo Chamber, de sa production sans failles de l'EP de Moodoid, de ses deux titres gigantesques sur le dernier Mark Ronson ou encore de ce featuring sur un morceau de Discodeine, Kevin Parker ne fait aucune erreur. Cet homme est au dessus de la mêlée. Flottant sur un nuage filtré de phaser et s'envolant pour de nouvelles contrées psychédéliques.
Mais si Kevin Parker s'est fait découvrir par des projets aux riffs chromés, certifiés Black Sabbath (Mink Mussel Creek ou encore le premier EP de l'impala dompté), ce nouvel album amorce un tournant. Un tournant rétro mais futuriste, cheesy mais dansant. Pour être honnête, les connaisseurs avaient vu venir ce tournant depuis un moment. Les indices étaient nombreux. Une reprise d'Outkast par ci. Une reprise de Michael Jackson par là. En interview, Parker parlait de ses collaborations rêvées avec les Chemical Brothers, de son admiration pour Supertramp. Et puis il y avait cette introduction lors des derniers concerts de l'hiver : Elton John! Et surtout, ce side project fabuleux "Kevin Spacy", où Kevin laissait libre court à ses envies de disco et de funk. Tous les indices étaient sous nos yeux, l'impala allait changer radicalement.
Déjà Lonerism avait ouvert les vannes. Bien moins de guitares, ben plus de synthétiseurs. Des ballades à foison, et des influences bien plus power pop 70's (Todd Rundgren en particulier). Currents sort dans quelques jours, et le virage est officialisé. Tout commence avec "Let It Happen". Le morceau défile comme un train en marche. Et tous les artifices disco sont présents: nappes de synthés, ligne de basse vrombissante et vocoder robotique. Arrive ensuite un formidable instrumental avec "Nangs", qui prouve que même en sonnant 80's et disco, Parker garde un œil sur le futur. The Moment est un morceau quasi R'n B qui fait beaucoup penser aux productions des Neptunes (première période de Pharell) ainsi qu'au Mickael Jackson des 80's. "Yes I'm Changing" est une première incursion en territoire véritablement cheesy 80's. On pense à Supertramp, à 10CC et malheureusement aussi un peu à Phil Collins. Ce n'est pas très grave, la fin du morceau est fabuleuse. 4 morceaux sont passés, et on cherche encore la guitare. Cela tombe bien, elle arrive avec Eventually, qui commence comme du Pond et se termine comme du Phoenix. Formidable. "The Less I Know The Better" nous emporte avec une ligne de basse particulièrement funky. A ce stade on réalise que l'album ne sera pas disco comme Kevin Spacy le laissait penser, mais il sera résolument r'n b. "Past Life" est une merveille de composition qui superpose des couches et des couches de son. Un mille feuille de soft-rock avec nappage psychédélique. Deux trois pépites synthétiques s'enchainent ensuite jusqu'au final de l'album et ce "New Person, Same Old Mistakes" déconcertant. Le morceau sonne ouvertement comme un morceau de rap 90's. On pense à Snoop Dogg et au son West Coast d'il y a 20 ans. C'est fabuleux et déconcertant.
Quand on est un maniaque du psychédélisme, cet album a de quoi déconcerter. Ici, aucun tourbillon psychédélique tel que "Desire Be, Desire Go", ni de bacchanale boogie telle que "The Blod Arrow of Time". Kevin Parker a mu(t)é et son Impala aussi. Parker va sans doutes se mettre une partie de sa fan base à dos. Ce n'est pas très grave, ses délices 80's sont fabuleux et la production est plus rutilante que jamais. De dompté, l'impala est devenu indomptable changeant de style comme de paire de tongs.
Ps: à tous les déçus, nostalgiques des guitares et du psychédélisme des débuts, on ne saurait que trop conseiller les albums de Pond. Cela tombe bien, le dernier est fabuleux. Si vous êtes en manque, écoutez "Giant Tortoise", "Eye Pattern Blindness" ou encore "Outside is the right Side" et les symptômes disparaitront.
Pss: Mieux vaut tard que jamais. Mais j'aimerais insister sur la production de l'album. On le sait Kevin Parker est un héros du son. Quiconque l'a vu en concert sait que même en live le groupe sonne de manière divine. Ici les basses sont rondes, les synthétiseurs carillonnent et les filtres enrobent tout cela de modernité. L'album est un bonbon à l'oreille. Parker nous fait le coup à chaque fois, mais il fallait rendre à César ce qui est à Kevin.
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le 7 juil. 2015
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