Le 11 mai 2018 est une date à ne jamais oublier.
Ce jour là, Playboi Carti balance DIE LIT, la suite de sa (géniale) Mixtape éponyme sortie un an plus tôt.
Un album d'une heure partagée en 19 parties. Un Space Opéra avec pour invités, les plus grands ténors du moment venus se fondre et se morfondre dans le monde psychédélique d'un des pionniers du Mumble Rap, sans oublier le chef d'orchestre Pi'erre Bourne.
Déjà, Die Lit nous rassure en offrant les mêmes tons et textures que sa Mixtape révolutionnaire de 2017 mais sous une forme plus soignée et affinée. L'expérimentation est même plus profonde et hypnotique.
Carti a un talent pour lâcher des lyrics débiles et des crochets hypnotisants, ainsi que son utilisation d'adlibs qui vous mettent en transe.
Toutes les chansons de Die Lit se déroulent agréablement ensemble et le ton entier de l'album ne change pas d'une chanson à l'autre, c'est plutôt une grande mélodie. Cela étant dit, ce n'est pas du tout une mauvaise chose, bien au contraire car c'est ce que Carti essaie d'établir. Une expérience sonore, un trip de 57 minutes.
Une grande partie de la satisfaction de ce disque est dans la production, Pi'erre Bourne a un talent monstrueux pour trouver les sons, les cliquetis, le beat parfait, la mélodie enivrante, la basse obsédante et d'en faire un tissage sonore épais qui vous enlace et donne satisfaction quasi immédiatement. Le monde sonore de Carti et Bourne est riche et accueillant
Quel plaisir de se laisser aller à glisser sur les plaques tectoniques de lignes de basse qui grondent et de s'envoler, s'élever grâce aux tourbillons de synthé type 8 bits.
Une caractéristique à souligner, tous les featurings se fondent à merveille dans le projet. Nous connaissions déjà le mélange alchimique de Carti et Uzi, mais Bryson Tiller et Nicki Minaj font un travail admirable pour adapter leurs styles au monde de Die Lit. Chief Keef et Travis Scott tiennent leur rang mais ne jouent pas les gros bras. Ils s'amusent. Thug frôle l'excellence sur 'Choppa Won't Miss", la joie d'être de la partie s'entend facilement, Nudy est renversant sur le banger "R.I.P. Fredo". Et la fraîcheur de Redd Coldhearted sur "Middle Of The Summer" est la bienvenue, surtout vers la fin de l'album.
Dans une scène rap d'Atlanta qui a tendance à progresser lentement, avec des artistes construisant à partir d'un pool d'idées partagées et faisant avancer les percées des autres, Die Lit est une anomalie, un album qui fonctionne presque entièrement à partir de son propre script.
Playboi Carti réussi une oeuvre qui défie la gravité avec des bangers absolus et des rythmes entêtants.
L'enfant d'Atlanta a produit quelque chose de très spécifique avec Die Lit. Plutôt qu'un collage d'idées sans ligne directrice, Bourne et lui-même ont fabriqué une musique qui ressemble à rien d'autre qu'une bouffée d'air frais dans un champ surpeuplé et c'est un sacré tour de force.
Ce genre d'exploit qui arrive finalement que très rarement.