Honnêtement, je pourrai pas me reprocher de pas avoir essayé.
A l'annonce de sa sortie, je pensais vraiment que ça allait être ma bande son de l'été, pour tout dire j'étais dans de bonnes dispositions. Cette foutue perle est un skeud que j'ai adoré à sa sortie, d'ailleurs mes potes en ont marre que je le foute systématiquement quand je fais un trajet de plus d'une demi-heure en bagnole, mais bon, c'est soit ça soit la discographie complète d'Hamza donc ils finissent toujours par le laisser tourner. Et même son petit R2D2 de l'année dernière laissait présager du vraiment pas mal aussi. Sauf qu'en vrai, le truc est sorti, je l'ai écouté deux fois, puis j'ai passé les trois mois suivants à gueuler FUME UN G SUR SCÈNE FUME UN G SUR PIOU PIOU comme un abruti.
Alors ça pourrait paraître bizarre, parce qu'en soi, Slimka aussi c'est un mec qui dit préférer le skate au rap et qui a l'air d'avoir adopté le lifestyle qui va avec, sauf que la principale différence avec Lomepal c'est que Lomepal, rapologiquement parlant, il a un Slimka dans chaque doigt. Et pourtant je préfère définitivement No Bad Vol. 1 à ce Flip. Bah en fait, on s'en doute mais y'a une autre différence de taille entre les deux : l'authenticité.
Lomepal avant Flip, peu importe le fait qu'il rappait excellemment bien et que parfois sa simplicité pouvait le rendre touchant, beaucoup lui reprochait de manquer de personnalité. Faut croire qu'il a écouté les critiques parce que le mec est revenu de nulle part avec son délire de planches à roulettes, genre en quinze jours tout le monde devait savoir qu'il tapait des 360 laser manual depuis sa tendre enfance. Bon vous allez me dire qu'à part sur Bryan Herman où c'est le thème du son, il y fait pas tant allusion que ça, et je vais pas m'en plaindre hein, parce qu'à part Tony Hawk Pro Skater 3 c'est pas mon domaine de ouf. Mais comme on pouvait s'y attendre, c'est l'imaginaire du skater white trash qu'il a infusé dans presque toutes les pistes de l'album et qui en fait le fil directeur. Mais je sais pas, j'arrive jamais vraiment à y croire.
Quand je regarde Lomepal, je vois un gars qui a pensé trouver dans le skate un univers où exploiter son potentiel de rappeur. Alors que quand je regarde des gars de la Super Wak Clique comme Slimka, là au contraire je vois une bande de skaters qui ont trouvé dans la trap un style dont l'énergie est la même que la leur, celle qu'ils insufflent tous les jours dans leur vie. En fait, c'est limite une affaire de chance si on peut voir ces gars envoyer du turn-up apocalyptique sur toutes les scènes où ils passent, c'est qu'une histoire de rencontre qui s'est faite au bon endroit au bon moment entre un mouvement musical et une bande de potes.
Alors forcément le Flip, même si je m'y suis remis parce que c'est pas si mal et que j'avais vraiment envie de lui laisser sa chance, à partir du moment où tu rentres pas dans son délire, c'est chaud. Déjà, t'es beaucoup moins bienveillant sur ce qu'il raconte parce que basiquement t'y crois pas, alors en plus quand il lâche un « Si on forçait toutes ces p'tites salopes de dirigeants à prendre de l'ayahuasca, la planète irait mieux », comment tu veux pas mettre ta tête entre tes mains ? Et puis dans l'ensemble, son personnage de "Je vais mourir à 27 ans parce que je suis trop cool pour ce monde de techniciens de surface" tout en se donnant l'air un peu loser sur les bords pour se rendre attachant, ça marche tellement pas putain, le mec sonne prétentieux sur le trois quart des sons. Sans vouloir faire le vieux con, il me donne juste envie de réécouter Ville Fantôme ou Ma Réussite.
A noter que l'alchimie entre lui et Caba est toujours aussi évidente, Ça compte pas étant sans problème le morceau que j'ai préféré. D'ailleurs c'est aussi le morceau le plus éloigné du fil rouge de l'album avec son story-telling sorti d'un peu nulle part. Et puis le pire c'est qu'au final, y'a presque pas de morceaux complètement nazes, au contraire, y'a une belle constance dans le "Ah ouais c'est pas mal, mais bon, voilà". Formellement parlant, il rappe toujours aussi bien, chose qui rend l'album assez facile à écouter jusqu'au bout quand on est d'humeur. Non franchement, je serais de mauvaise foi si je lui lâchais pas la moyenne.
Et puis tu sais quoi, j'envoie même un gros +1 pour avoir réussi à réunir Alkpote et Philippe Katherine sur un freestyle Skyrock, parce que putain, ça c'est incontestablement un futur classique par contre. Merci Lomepal, SPLASH