Autant le dire tout de suite, je n'avais aucune idée de qui était Lomepal avant de le voir sur l'écran d'accueil de SensCritique, je n'attendais donc rien de cet album.
Et pourtant il y'a un truc unique qui se dégage de ce projet, on ressent vraiment l'envie de Lomepal de vouloir faire les choses bien, avec un mélange réussi entre le rap et le flow qui, même s'il n'est pas unique et nouveau, a le mérite d'être très propre, et le chant qui vient adoucir le tout sans crainte de mettre ça sur un album de rap est introduit à fond dans son projet. C'est d'autant plus réussi que Lomepal chante vraiment bien et son utilisation de l'autotune n'est jamais exagérée.
Et on pourrait dire la même chose pour toute la culture skate qui est incorporé le long de l'album, ce n'est pas un bonus, c'est un sujet qui fait partie intégrante de son univers et qui vient "rider" certains titres avec des bruits de skate en fond sonore ou simplement des phases qui lui son consacré (quand ce n'est pas carrément des morceaux entiers : Bryan Herman, Skit Skate).
Je ne vais pas essayé d'interpréter tous les morceaux, mais les thèmes abordés se font souvent écho, entre PalPal (premier titre) et Sur le Sol (dernier titre) par exemple, on retrouve l'opposition entre l'égo-trip ("ça vous dit pas d'être un peu plus stylé, j'en ai marre de parler de moi") et la vérité ("j'encaisse mal la vérité […] j'm'en sortirais par l'rap, les joints pour empêcher les larmes de couler"), c'est tout du long l'opposition entre le rêve de ce qu'on aimerait être et le retour à la réalité avec ce que l'on est vraiment, comme dans Billet et sa première partie fêtarde ("j'vais faire comme si j'avais les moyens, ils vont tous croire que j'ai les moyens") et la deuxième partir plus brutale, celle où l'on se réveille et on regarde la déchéance de son compte en banque ("j'aime pas quand la bouffe invisible a un gout de cuillère").
A tout ça y est ajouté de la mélancolie, un sentiment qui, personnellement, me touche beaucoup dans la musique, mais aussi l'amour et son manque dans Yeux Disent, le regret dans Bécane, l'envie de s'amuser et la frustration dans Malaise. Avec de nombreuses références au cinéma et l'inspiration dans tous les types de musiques qui ont façonné l'identité musicale de l'artiste et son envie d'être lui-même et de le montrer.
Finalement dans cet album, Lomepal parle de qui il est à l'état brut, son envie de rapper, de chanter, de s'amuser et de ses sentiments pouvant parfois le bloqué, le tout sur des instrumentales terriblement bien utilisés, originales et diversifiés, l'album entier est donc d'une belle cohérence et une véritable réussite musicale qui n'a pas peur de sortir des clichés actuels du rap avec une sincérité qui est agréable à entendre.