Ty Segall est inarrêtable. Après le récent, doux-folkeux et superbe album « Sleeper », voici un autre projet, un autre groupe, un autre album, bien heavy rock celui-là : le bien nommé Fuzz.
« Sleigh Ride » sonne aussi assourdissant qu’un Blue Cheer sorti de la bonne vieille cave à papa.
« What’s In My Head ? », semble être un vieux garage psychédélique 60’s, un bon cru type Seeds, Standells ou Chocolate Watchband.
Le fuzz (forcément…) commence allègrement « Hazemaze », curieux titre. Et toujours Blue Cheer en filigrane de leurs amplis poussés à fond. Ty, c’est ça aussi ; du « Sleeper » avec en toile de fond Barrett, Young et Dylan, puis vient ce projet Fuzz, avec en toile de fond le Sabbath, Cactus et Blue Cheer. Un mec qui vampirise le rock dans toute sa globalité, dans ce qu’il a de meilleur, pour en faire une chose qui ne sente pas le réchauffé au micro-onde.
Les solos garages de ce « Hazemaze » dépotent, et ce Charles Moothart dévoile l’étendue de son talent. Car oui, j’ai oublié une petite précision, ce n’est pas Segall qui est à la guitare, « le Ty » est à la batterie (- ?), il est fait pour me surprendre c’t’homme-là. Le garage-punk de la fin du morceau laisse imaginer les pogos des concerts de la tournée en train de se faire.
Un album heavy, blues, garage, pas loin d’être metal même, et sincère. Quand on sent l’envie derrière les notes, c’est du tout cuit.
Sur « Loose Sutures », les vieilles cicatrices de Hendrix sautent, le sang gicle et ça tricote fuzzy à la guitare. Un petit trip psyché un peu naïf clôt le morceau, avec roulement de batterie, et larsen d’ampli qui sonne comme la bonne vieille répétition des loosers branchés chevelus des familles, et puis c’est reparti pour un de ces rythmes rock enlevés dont la recette, maintes fois entendue par le passé, est glorieusement ressuscitée ici à travers ces notes poussées à saturation pour mieux faire rennaître le rock’n roll 70’s de ses cendres, et ces gars-là ont l’air d’avoir réussi.
Du Blue Cheer en 2013 quoi.