Pour tout autoproclamé vrai fan de Neil Young, il est de bon ton de légèrement mépriser Harvest étant donné sa réputation de disque commercial de la part d'un artiste qui par ses deux opus précédents Everybody knows this is nowhere et After the gold rush bousculait les conventions du rock et du folk, annonçait le grunge avec vingt ans d'avance. J'ai toujours trouvé l'attaque un peu idiote. Après tout, Neil Young, un brin assagi lors de l'écriture de cet album, a préféré composer des chansons en accord avec sa sensibilité d'alors plutôt que de se singer. C'est artistiquement honnête, ce n'est pas de sa faute si le résultat a dépassé ses espérances et lui permis de toucher un nouveau public s’accommodant mal avec celui constitué autour du solo de guitare ravageur de Cinammon Girl (!)...
Harvest est indéniablement un album plus doux que ses prédécesseurs, renouant avec un son country rappelant le premier opus Neil Young du canadien, mais en infiniment plus maîtrisé, accrocheur et entêtant. Convoquant ensemble symphonique et chœurs en renfort de sa voix haut perchée et de sa guitare souvent délaissée, Neil Young compose des titres tous plus beaux les uns que les autres, avec en titre phare un Heart of Gold dont le succès ne se démentira jamais.
Je ne vois pas un titre à jeter dans cet album, ou même à minorer. Il y a ensuite bien entendu certains qui procurent des sensations tout simplement jouissives, comme Old Man, A Man Needs A Maid et bien entendu le polémique Alabama où Neil Young poursuivait sa croisade entamée dans Southern Man contre la bêtise raciste des états sudistes américains.
Enfin pour les fans de guitare saturée, il y a toujours Words qui semble conclure l'album juste pour rappeler que le maître de la guitare saturée, c'est bien Neil young, ad vitam eternam.
Ce n'est pas pour rien que Harvest est le plus grand succès de Neil Young. Album le plus accessible du maître, c'est une porte d'entrée parfaite pour découvrir son oeuvre. Donc si vous ne l'avez pas encore écouté, c'est un crime.