En m'abaissant à un peu d'empathie, j'ai voulu essayer de comprendre l'engouement médiatique (Pitchfork, Inrocks, etc.) dont bénéficie Grizzly Bear.
J'avais déjà regardé, par curiosité, un bout d'un ou deux de leurs clips du moment (n'ayant pu me forcer à me les passer en entier), et j'avais trouvé la musique fade, veule, prétentieuse et emmerdante.
Mais bien entendu, hélas ! trois fois hélas !, je ne pouvais raisonnablement pas me contenter de ce maigre aperçu pour porter un jugement définitif sur cette insulte aux ursidés.
Il fallait, avant de m'abandonner au plaisir jubilatoire du lynchage, que je commençasse ma petite enquête par les débuts de Grizzly Bear, car c'est souvent dans le premier album que l'on trouve la moelle essentielle, la substance brute d'un groupe.
C'est le prix à payer.
Après l'écoute de Horn Of Plenty, je comptais m'attaquer au reste de leur discographie.
Et bien je crois que je vais laisser ma petite investigation de côté un certain temps... Les chroniques incendiaires attendront...
Bon, je dois dire qu'au début, c'est joli, c'est paisible, c'est agréable à écouter, mais au bout de la seconde moitié de la première minute, on doit se résigner à accepter la cruelle vérité :
Dieu que c'est chiant !
Incroyablement laxatif, ce disque semble lui-même être une série de quatorze petites sculptures scatologiques informes et peu solides, tous les titres sont constitués de la même matière fécale, se suivent et se ressemblent, homogénéité dans la crotte.
Tout ceci manque de féculents : c'est mou, ça a tendance à couler hors des bords du moule.
Amère ironie du titre !
Horn Of Plenty est marqué par une triste carence en mélodies, quelques vains arpèges par ci, quelques pauvres suites d'accords par là, sur lesquels on a posé une voix lénifiante (de pigeon) et cotonneuse pour tenter – en vain – d'éponger un peu la merde baveuse. Le tout excessivement condimenté de bruitages oiseux pour faire genre.
Alchimie stérile et sans âme.
Les chroniqueurs agueusiques de Pitchfork ont indûment attribué, sérieusement ou non on l'ignore, à cette collection de (fausses) chansons invertébrées, atonales et énervées (au sens littéral : dénuées de nerfs) des influences telles que Nick Drake ou Syd Barrett, dont Grizzly Bear n'a ni la grâce de l'un, ni la folie de l'autre.
Les quelques secondes particulières que l'on pourrait extraire de ce disque, qui y sont répétées et déclinées sous diverses formes indistinctes, seraient tout juste dignes de servir de bande son au voyage d'une limace sur moins de dix centimètres, ou au glissement succinct d'un étron flasque sur les parois lubrifiées à la javel de la cuvette des goguenots.
Cette gigantesque flatulence foireuse ne vaut décidément pas tout le capharnaüm dont on a bien voulu lui faire honneur dans maintes grandes tribunes musicales et force blogs de suiveurs mécheux binoclards – ou méchardes binocleuses – aux abois de la moindre fumisterie contemporienne.
Homme de goût, passe ton chemin, sauf si tu as comme moi un plaisir malsain à satisfaire.