Après un premier album dont le son n’a pas satisfait Joey DeMaio, pas plus que l’absence de soutien du label Liberty Records, Manowar se pose aux Music America Studios de New York, en compagnie de John Mathias qui va les aider à se forger un son plus épais, plus professionnel. Dans le même temps, le groupe signe chez Megaforce pour les Etats-Unis et Music For Nations pour l’Europe, ce qui lui offre une plus grande visibilité.
Si Battle Hymns proposait une agréable carte de visite, Into Glory Ride définit le vrai son Manowar, très métallique, et plus européen que certaines productions américaines de l’époque, car plus direct. « Warlord » ouvre les hostilités en se moquant de la pudibonderie américaine par les ébats sonores d’un couple, pour se poursuivre dans un déluge sonore et des paroles misogynes comme ce sera toujours le cas dans la carrière du groupe. Efficace, heavy, doté d’un refrain qui sait se faire désirer, « Warlord » est un titre qui se mérite, comme le reste de l’album d’ailleurs. En effet, Joey DeMaio, qui signe la totalité des titres sauf « Secret Of Steel » et « Gloves Of Metal », co-signés avec Ross-The-Boss, s’est appliqué à développer de vraies compositions. Ainsi, « Secret Of Steel » nous transporte dans un univers oriental, pour un titre épique, ponctué par des soli de guitare et de basse de haute volée. Plus lourd, « Gloves Of Metal » entraîne l’auditeur dans un univers épique, au riff pesant, destiné à tout écraser sur son passage. Et ça fonctionne, tant le résultat est placé sous le sceau du talent.
Avec « Gates Of Valhalla », Manowar joue la carte du lyrisme en évoquant la mort des guerriers sur le champ de bataille. La basse emplit tout l’espace dès l’introduction, avant que tous les instruments se mettent en ordre de marche pour une déferlante métallique qui s’inscrit parmi les meilleures compositions du groupe.
Malheureusement, la face B débute par un titre confus, sorte de metal progressif ambitieux, mais qui déséquilibre l’album, surtout qu’il est suivi par la cavalcade « Revelation (Death's Angel) ». Le contraste est tel qu’il fait de « Hatred » le point faible de la discographie du groupe durant la période Ross-the-Boss. Quant à « Revelation (Death's Angel) », c’est un morceau épique par excellence, sans doute moins original que ceux de la face A, mais ô combien efficace. Le jeu de Ross-the-Boss l’éclaire, tandis que Scott Columbus démontre qu’il est le batteur de la situation. Sa frappe lourde permet d’installer une assise indispensable au heavy metal de Manowar.
Comme toujours avec Manowar, le dernier titre de l’album se révèle être un moment de bravoure. En plus de 7 minutes, ce morceau développe tout un récit de fantasy qui met en valeur la musique, tantôt enlevée, tantôt plus calme, mais toujours en harmonie avec les paroles.
Plus ambitieux que Battle Hymns, Into Glory Ride est moins bien considéré que son prédécesseur. Pourtant, il annonce le chef-d’œuvre que sera Hail To England et qui n’aurait pas pu voir le jour sans les expérimentations, parfois maladroites, de cet opus.