Mal aimé par certains fans et facilement tombé dans l'oubli face aux incroyables productions ultérieures du groupe, le premier album, éponyme, a pourtant beaucoup à offrir. Il suffit de lancer le disque pour s'en rendre compte. À peine Prowler est il lancé qu'il montre immédiatement des idées de sonorités incroyables.
Bien sûr ne le nions pas : le mixage laisse à désirer et il sort un je-ne-sais-quoi de manque de moyen, de précipitation, de manque encore de maîtrise et d'harmonie et pourtant les excellentes idées sont là. Par exemple si le mixage de basse n'est pas parfait, cette tâche agressive, métallique, ce côté presque au médiator mais au doigt se fait sentir. Allié aux wah-wah et à la composition on sent déjà un prémisse du metal progressif.
Paul Di'Anno n'est pas en reste. Encore une fois, si on a tendance a diminué ses performances et qu'il offre une moins belle prestation sur Iron Maiden que sur Killer, il offre un côté vivant, puissant avec une rythmique efficace dans le placement. On regrettera une voix plus rocailleuse qu'autre chose, manquant de personnalité mais parvenant à accompagner efficacement une musique pleine de personnalité.
Si j'aime autant cet album c'est peut être justement par l'absence de Bruce Dickinson : en effet, j'adore Dickinson, mais sa voix remplit tellement l'espace qu'on en oublierait que Maiden est avant tout un groupe musicale : c'est bien la musique la plus grande héroïne. Et disons le, par sa non majestuosité Paul Di'Anno laisse la musique vivre, cela ne l'empêche pas d'avoir ses moments de gloire comme la la monté de Remember Tomorrow (magnifique morceau, alternant avec brio entre les douces balades mélancoliques et les galops chevaleresques).
Ironiquement, malgré mon amour de la musique seule. Transylvania est un des titres qui me plaît le moins. Peut être par la surdose d'éléments heavy qui en font un très bon morceau, certes, mais qui ne gagne rien par son absence de chant. Le groupe a tellement de talents qu'ils auraient pu montrer sans chanteur, je ne vois pas l'intérêt ici de faire un titre aussi incisif sans l'exploiter vocalement.
Le morceau est en plus suivi par Strange World, le seul titre de l'album que je n'aime pas. Je trouve que faire un morceau aussi calme est un art particulier que le groupe ne maîtrise clairement pas encore.
Certains morceaux montrent parfaitement l'esprit complexe du groupe. Ainsi Phantom of the Opera ose tout, sans aucune hésitation ! Le metal progressif a ses lettres de noblesses avec un tel titre. Pourtant, Iron Maiden sait faire dans l'efficace et dans le direct avec l'excellent Running Free. Culte au possible, le titre se veut un hymne efficace et parvient tout de suite à fonctionner, notamment grâce à la batterie, également parfaitement efficace. On mettra aussi Charlot the Harlot dans la catégorie des morceaux directs et peut être pas parmi les plus intéressants du groupe.
Enfin l'album se termine avec le magnifique titre éponyme, surpuissant, là encore rapide, agressif et montrant les subtilités du groupes qui lorgnent vers le prog' dans quelques riffs. Je ne suis pas objectif dessus : comment un fan d'Iron Maiden pourrait ne pas aimer un morceau s'appelant ainsi ?
Cet album offre cependant une légère déception personnelle : il montrait une piste parfaitement progressif pour Iron Maiden. Si ce chemin sera effectivement pris, il faudra attendre et surtout il n'aura jamais été totalement réalisé, la patte Heavy étant et demeurant ultra-présente. Est-ce un vrai regret ou plus une curiosité ? En tout cas cet album est excellent, du début à la fin. Et si je lui met 8 et non 10 c'est simplement pour le mixage, pour les limites de Di'Anno, pour quelques moments de baisses et puis aussi pour le fait qu'à la différence d'autres albums du groupe toutes les pistes ne sont pas parfaitement inoubliables.