"Je te pardonne". Ou pas.
Je suis incapable de mettre une pire note à cet album. Parce qu’il me parlait beaucoup, quand j’étais gosse, vraiment petite, et que les premières chansons sont aussi dans les premières dont j’ai retenu les paroles par cœur, celles qui me revenaient out de suite les soirs d’hiver, et qui reviennent encore tout de suite si on me le demande. Enfant, il faut dire qu’on ne fait pas la différence entre grand-chose, ce qui est bon et ce qu’il l’est moins. Et l’album est sorti plus ou moins au bon moment : 2000, j’avais trois ans, on en entendait parler un petit peu partout et j’en avais rien à foutre, en revanche, on l’entendait chanter un petit peu partout aussi, sur la route des vacances, quand, dans la voiture climatisée, il n’y a rien d’autre à faire que d’écouter, de manière semi-consciente, ce qui passe.
Seulement voilà, il y a cet aspect, et il y a l’autre, quand on le réécoute 10-12 ans plus tard, et qu’on se dit qu’en fait, c’est drôlement mauvais, comme album. Et d’autre part tu n’oses pas le dire vraiment parce que tu as encore le gout des chansons et des vacances qui vont avec. Alors, j’ai eu cet espèce d’état latent de stupéfaction, où rien n’ose se dire, où rien n’ose s’avouer, où tout est caché, mais caché d’un genre un peu collant, comme un chewing-gum sur les tables, et qu’on n’ose plus penser. Il y a des souvenirs. Je crois que c’est un album-souvenir qui va en parler à beaucoup. Que ce soit bon, ou mauvais (ceux qui avaient la chance d’avoir au moins 20 ans en 2000 risque d’en garder des sales souvenirs, par ailleurs).
Et puis après, quand on passe cet état latent où la réflexion même est proscrite, et qu’on se penche un peu sur l’album, sur ce qui peut être ses qualités et sur ses défauts, bah, j’ai envie de dire que la fausse-couverture un peu ambrée du disque se brise totalement. On dirait que De Palmas tente d’appeler à la mémoire et aux sentiments de tout le monde, à l’universel, ou, au moins, aux français et aux belges (rires). On dirait que de Palmas essaie de parler de ce que tout le monde ressent un jour. Et de lui, en même temps. Il se plante. Lamentablement. Peut-être que ce genre de musique passe une fois, je ne sais pas trop. Chez certaines personnes. Mais il se plante tout de même. Dans tout. Dans la voix, posée sur une espèce de mélopée de fond qui ne se renouvelle pas entre les chansons, qui reste la même, et qui est un peu tire-larme exagérée sur les bords. Dans sa voix encore, qu’il tente parfois de rendre émotive, et qui se casse la gueule un peu plus loin. Dans les paroles choisies, celles qui veulent, je pense, et comme je le disais avant, toucher à un universel, toucher tout le monde. Le problème, c’est que les paroles, elles sont d’une platitude incroyable telle que ça me lasse très vite de les écouter. Toucher à tout le monde, déjà, c’est difficile, vu que le sentiment en lui-même est universel. Croire que l’on touche à tout le monde en déballant des niaiseries baveuses qui sont « censées avoir été éprouvées par tout être humain de mental sain », c’est des conneries. Toucher à l’universel, ça ne passe pas forcément à des idées honteuses que, certes, on comprend tous, mais qui n’ont ni sensibilité, ni personnalité.
Le final donné est une espèce de voix qui n’a pas de fond, très plate, posée sur une mélodie faussement larmoyante et incapable de se renouveler. Bien loin d’une quelconque performance artistique, il me semble, et, pour le coup, il me semble qu’à côté, il ne reste pas grand-chose, voire rien, à garder.