Après une carrière d'une quinzaine d'années, de multiples polémiques, des tournées électriques, quelques passages à la télévision marquants, Damien Saez atteint ici son apogée avec un véritable chef d'oeuvre de musique, une particulière réussite rendant hommage à la chanson française. "Messina" est une véritable réussite, un triple album qu'on ne peut pas déterminé par un autre adjectif que "parfait". L'artiste envoie ici toute la sauce qu'il peut, et nous noie dans un océan de mélancolie, de vécu, de rage et de naufrages.
Tout d'abord, le premier disque "Les Echoués". On a ici le droit à du rock très calme, chose assez rare chez Saez, du moins depuis "Jours Etranges". Commençant par deux morceaux intitulés "Fin des Mondes" et "Les Echoués", sans doute les plus énergiques de ce premier disque, mais qui annoncent plutôt bien le thème, "Les Echoués" passe très rapidement à une instrumentale plus sombre et à des chansons qui le sont tout autant ("Faut s'oublier" ; "Les fils d'Artaud" ; "A nos amours"). Ce premier disque comporte cependant des chansons d'amour, caractéristiques de Saez ("Betty" ; "Marie" ; "Le Gaz"), la seconde étant magique, mais avance également une idée d'évasion rendant une touche plus gaie ("Into the Wild").
En ce qui concerne le second disque, intitulé "Sur les quais", on a le droit à notre dose rock'n'roll à la "J'accuse", mais cependant plus poétique avec deux chansons exemples : "Marianne" et "Ma petite couturière", très représentatives et très explosives. On retrouve une fois de plus le thème de l'amour, avec des chansons à la mélancolie incarnée ("Sur le quai"), ou encore critique des facettes qu'on peut y retrouver ("Légionnaire" ; "Webcams de nos amours"). La fin de ce disque est plus calme, ce qui est à nouveau un prétexte pour le comparer à "J'accuse", avec des chansons allant dans le thème de l'immigration ("Je suis un étranger"), ou encore dans celui de l'utopie avec "Planche à Roulettes" que l'on peut associer à "Tricycle Jaune", et avec "Rois Demains" qui est probablement l'une des meilleure de tout le triple album.
Enfin, le troisième et dernier disque, porte lui le nom de l'album "Messine", nom d'une ville italienne, très probablement vécue chez Damien Saez (comme c'était le cas pour "Varsovie - L'Alhambra" - "Paris"), et qui est une justification à l'utilisation de l'instrumentale italienne. En effet, ce dernier disque est très clairement le meilleur des trois, que ce soit dans l'écriture ou dans les instruments. Il s'ouvre avec un superbe thème intitulé "Quais de Seine" et continue avec l'Amour, avec des chansons exprimant très probablement du vécu ("Aux encres des amours" ; "Messine") et d'autres hommages aux grands auteurs de la chanson française comme Jacques Brel ou Brassens ("Les Magnifiques") et d'autres naufrages amoureux ("Les Meurtrières"). La mélancolie s'impose encore avec cette fois-ci une idée de nostalgie très présente dans la deuxième partie de ce dernier disque avec des perles comme "Ami de Liège" ; "Le Bal des Lycées" et "Châtillon-sur-Seine".
Pour conclure, "Messina" est incontestablement le meilleur album de l'artiste, et marque, pour l'instant, l'apogée de la carrière de Damien Saez. Ce triple album est un véritable chef d'oeuvre incitant à la réflexion, à la nostalgie ainsi qu'à tous les sentiments possibles. Il marque également la noble évolution du chanteur depuis ses débuts. A écouter avec soin.