Derrière le mode de pensée punk, désespérément entraillé au jour le jour,
Derrière les provocations qui ont fait trembler un pays tout entier,
Derrière le plaidoyer pour une énergie rock pouvant se passer de technique poussée,
Derrière cette furie collective où on crache sa haine comme on recrache l'amour,
Il y a donc ce "Never Mind the Bolloks", unique album des Sex Pistols, vu par les puristes rock comme le dernier grand album rock.
La réponse est évidemment non. Quant au disque en lui-même, aux coulisses trépidantes, il s'en dégage une personnalité de folie psychiatrique qui est incontestablement agrippante. Après on va pas se mentir : si les sujets sont toujours audacieux aujourd'hui (même encore plus dans le cas de "Bodies"), musicalement c'est encore assez... sage, finalement. Ils se lâchent, ils assument leur non-expertise contre une rage inédite, mais les mélodies ne sont pas particulièrement créatives et surtout l'ambiance reste en permanence la même. Ce n'est pas la qualité des morceaux que je requestionne : "Anarchy in the U.K" est grandiose même, et "Problems" et "EMI" peuvent être vues comme des chansons très représentatives d'un esprit No Future et mordant tout ce qui peut encore être mordu. Il n'empêche que ça tourne rapidement en rond, la recette étant répétée en boucle sans autres variations que l'angle d'attaque.
En musique punk, moi comme d'autres on recommande davantage The Clash, justement parce qu'ils n'ont pas qu'un seul angle d'attaque, même pas forcément agressif mais toujours revendicatif et torturé. Pour ce disque, son importance est incontestable, elle a dépassée la sphère musicale, mais l'influence et la qualité sont encore deux choses différentes (exemple parfait : "Naissance d'une nation" de Griffith). Il est cool hein, mais au bout de 20 écoutes... ben, on s'en bat les couilles.