J'avais presque oublié que NGRTD était sorti. Pourtant, cela fait bien trois ans que j'attends l'album, précisément depuis que Youssoupha lui même, dans Noir D**** avait annoncé que "son prochain album s'appellerait Négritude".
J'avais acheté Noir D en connaissance de cause après avoir écouté lors de leurs sorties respectives "A Chaque Frère" et "Sur les Chemins du Retour", (ce dernier étant selon moi le meilleur album du rappeur de Kinshasa), plus par soutien politique à Youssoupha alors en plein combat judiciaire contre le très vilain Eric Zemmour, que par fanboyerie. J'avais été un peu déçu par les instrus un peu facile et les textes pas très énervés, loins de L'itinéraire d'un bledard devenu banlieusard ou du fameux "A force de le dire". Un peu déçu aussi par cette autocensure du titre de l'album ainsi que du nom de Frédéric Mitterrand.
Trois ans plus tard, le gars recommence. L'album ne s'appelle toujours pas Négritude, comme il le prétend le titre "Négritude" mais bien NGRTD. Peut être par souci esthétique, peut être parce que c'est la mode, toujours est-il qu'Aimé Césaire ne parlait pas de NGRTD mais de Négritude.
Au final, l'album est à l'image de son titre, il manque quelque chose. Une seule chanson sort vraiment du lot par son texte : "Black Out". C'est certes la plus dure, mais au final, c'est aussi celle qui dit le plus de chose. Le reste de l'album est plus ou moins une suite d'aphorisme bienveillants mais probablement inutiles déguisés en punchlines. Parfois, on se croirait sur évène. La mention "pas bien" est quant à elle décernée au morceau "Memento", proprement incompréhensible, et couronné par la participation pas surprenante des Casseurs Flowteurs.
Avec NGRTD, Youssoupha se range définitivement du côté des rappeurs gentils, aux côtés de Disiz, Orelsan, Big Flo & Oli (Dieu nous préserve de ces deux là). Décevant, quand on sait ce que le rappeur de Cergy peut faire avec la langue française.
Pour autant, l'album n'est pas désagréable dans l'absolu, et ne tombe pas dans le genre de mochetés musicales qu'on avait pu connaître sur le précédent opus et ses prod brostep. Un petit 6/10 donc, pour un Youssoupha qui, ces derniers temps, fait beaucoup mieux en featuring que sur ses projets solos.