Le meilleur album de 2021

Sometimes I Might Be Introvert – en abrégé SIMBI , un surnom pour Little Simz dont le vrai nom est Simbiatu Ajikawo – est son quatrième album, le meilleur et le plus important de sa jeune carrière.

Little Simz montre vraiment dans cet album qu’elle est une personne, avec ses défauts, sa douleur et ses rêves et c’est suffisamment universel pour que nous puissions tous nous y accrocher, nous y retrouver et trouver un fil conducteur. Simz est comme nous et elle se met à nu dans chaque chanson au point qu’on en vient à naturellement penser qu’elle est en train de devenir une femme remarquable sous nos yeux.

En écoutant l’intro, "Introvert", on aurait pu penser entendre une chanson assez unique dans l’album tellement elle regorge d'arrangements orchestraux avec une portée plus grande que nature, et surtout en opposition à “Grey Area” (un des meilleurs albums de 2019) mais non! C'est simplement un exemple du son majoritaire de l'album.

Vous pouvez ressentir cette énormité royale sur de nombreux morceaux. Même les interludes sont soutenus par des chants choraux angéliques, des cordes délicieuses, des trompettes et cors endiablés, des rythmes militaires et plus encore, faisant de Sometimes I Might Be Introvert un voyage d'abord avec Simz guidée par elle-même et par la voix thérapeutique et sage d'Emma Corrin ( Diana dans “The Crown” ) dans des interludes nourrissant l'exposition.

Honnêtement, SIMBI se présente moins comme un album et plus comme une production d'opéra ou de théâtre parfois.

Il y a comme un arc où environ la première moitié voit Simz réfléchir davantage sur son histoire et sa vie de diverses manières, et la deuxième partie montre comment et en quoi cela l'a façonnée., et quels défis sont positionnés sur son chemin. On pourrait presque résumer tout ça en une phrase : “j'avance par moi-même”

Apprécions SIMBI pour ce que c'est : probablement l'album hip-hop le plus grand et le plus impressionnant de 2021, et peut-être même au-delà. Il y a un côté chic, mais pas avec arrogance bien que Little Simz soit extrêmement confiante. Prenez “Woman” par exemple. C'est une chanson d’amour pour toutes les femmes du monde entier, une célébration de la beauté, de la résilience et de la diversité entre elles toutes. C'est une représentation de la fraternité, un numéro édifiant avec une instrumentation live luxuriante, le tout résumé par une ligne particulièrement poignante de Simz à la fin : "woman to woman, I just wanna see you glow."

Bien sûr, les choses deviennent plus granuleuses que ça. "I Love You, I Hate You" est une réflexion tranchante sur sa vie sans son père. Un mélange d’empathie et de haine pour la douleur causée par cette absence. Il est difficile de ne pas ressentir un pincement au cœur quand vous entendez son rap “never thought my parent would give me my first heartbreak”.

Parmi les grands moments de l’album, il y a ce titre incroyable "Rollin Stone", un morceau avec une certaine influence grime… au début. La production claque alors que Simz crache ligne après ligne saupoudrée de fanfaronnade. Puis le rythme passe massivement à un mode hip-hop minimaliste, percussif, très 80’s. Simz allège sa voix en une voix mélodique, mi-chantée/mi-rapée qui me rappelle un peu MIA. Quel titre bordel!!

Et “Fear No Man”!! Wooooo, cette tuerie! Utiliser des percussions traditionnelles et des mélodies vocales probablement enracinées au Nigeria. C’est fougueux et riche, comme si j'entendais un reflet de l'ascendance artistique de Simz. Le groove est dansant à l'infini, ce qui témoigne également de son sentiment de communauté et d'unité, tandis que la chanson elle-même parle de vaincre et de surpasser le mal.

Il y a tellement de choses à dire sur SIMBI! Sur 19 chansons, chacune est assez unique assise à côté des autres. Loin d'être décousue, c'est impressionnant à quel point Little Simz et son producteur Inflo se sont vraiment laissé aller à ressentir leurs influences et se sont déchaînés avec elles. Un moment, il y a une partition littérale en arrière-plan d'un morceau qui pourrait soutenir une production hollywoodienne, le suivant est un titre axé sur le rythme avec des lignes de synthé et des beats accrocheurs - les deux ont du sens, tous deux capturent l'esprit vaste et brillant que Simz s'est permis à partager avec nous. Même si elle se débat avec ce que son héritage signifie ("Standing Ovation"), ou comment elle est même s’autorise à exister dans un espace public quand elle tient à sa vie privée ("Protect My Energy") , Simz se sent plus à l'aise que jamais avec SIMBI. Comme le dit son ange gardien énigmatique sur "Gems": “But understand, you’re human. Be proud. Your light will shine in the darkest hour. Pressure makes diamonds. Do not fold. They won’t silence you, but they’ll try to. So follow your heart, it’ll guide you.”

Voici un album immense, déterminé et essentiel, qui projette Little Simz dans la cour des grands, bien au-delà du Royaume Uni.

Superbe!