The Book of Souls
6.4
The Book of Souls

Album de Iron Maiden (2015)

Être ou ne pas être ? Telle est la question qu'il faut se poser avant chaque nouvel album d'Iron Maiden. Si cela peut sembler trivial, il faut bien comprendre qu'après 15 albums, dans lesquels, le style ne change guère, la question se pose. Quel est l'intérêt de sortir une nouvelle galette si c'est pour dire exactement la même chose que dans les précédentes ?
L'aspect répétitif d'un groupe n'est guère grave dans la période, dirons nous, de maturité. Après 2 ou 3 albums, le groupe peut avoir trouvé la recette parfaite et en user jusqu'à en abuser. Avec Iron Maiden, cela fait quelques albums qu'on se pose la question : n'a-t-on pas atteint ce stade ?
Le groupe n'a nullement besoin de nouveau disque pour tourner, cela fut déjà prouvé plusieurs fois ces dernières années. Alors, pourquoi un nouvel album ? Il faut le justifier !


Je me permet, avant de commencer ma critique, une petite remarque sur Final Frontier. Cet album, paru il y a cinq ans maintenant m'avait, à la différence de nombreux fans, totalement convaincu. Le trip futuriste et spatial avait été l'occasion d'amener des sonorités nouvelles tout en gardant une façon de composer traditionnelle. Des détails sur les changements à la basses étaient subtiles mais très agréables, le son était excellent et plusieurs fois on se sentait vraiment en harmonie avec le thème.
J'avais trouvé que l'album était une forme de suite intelligente de Brave New World. En un mot, j'avais adoré car, pour moi, c'était clair que ce quinzième album était justifié. Il était la preuve que Iron Maiden ne faisait pas que se répéter mais que, pour ceux qui qui étaient prêt à ouvrir leurs oreilles, la Vierge de Fer n'était pas morte, mais alors pas du tout, son génie créateur était toujours en action.


C'est donc avec les meilleurs attentes que j'ai attendu Book of Souls. Attentes qui furent gonflés par la longueur des morceaux. Déjà Final Frontier avait de long titre (et, comme par hasard, Brave New World aussi). Je pensais donc qu'on allait continuer vers ce pseudo heavy-progressif. Certes, Iron Maiden ne sont pas les Pink Floyd du Métal mais on pouvait s'attendre à quelque chose de très imaginatif et impressionnant.


Or, là dessus je fut vite déçu. La longueur rime souvent avec répétitivité ou ajout, inutiles, de solos trop long et manquant de force et de vie. Oui, je pense bien entendu à The Red and The Black. Ce titre est long, trop long, beaucoup trop long … Il y a beaucoup trop de solos qui se veulent épiques mais finissent par endormir. Il faut dire que bizarrement, le côté épique sonne faux sur ce titre, réchauffé même. C'est très regrettable.
C'est mou et c'est long … Treize minutes ! On dirait que ça ne va jamais se terminer. Ce titre est horriblement ennuyeux et montre, en même temps, le manque de génie de cet album : les morceaux ne sont pas long, ils sont allongés. Artificiellement ! C'est donc beaucoup d’ennui qu'on ressent face à ce titre qui sonne clairement réchauffé. On a l'impression que Iron Maiden n'a de cesse de s'auto-plagier.
Pourtant il part bien, l'introduction a un son sympathique, le début envoie le boulet, l'arrivé de Bruce fait rêver. Mais non, plus on avance dans le morceau et plus on regrette. J'avoue que lors de ma première écoute, je n'avais qu'une envie : remettre Powerslave et vite !
Ha, et dernier gros défaut du morceau : la fin des solos avec une transition inexistante ! On relance le riff principal sans aucune subtilité. L'auditeur écarquille les yeux et se demande où il est tombé.


Pour autant, et malgré ma haine de ce morceau et de l'allongement artificiel, tout n'est pas à jeter dans cet album, loin s'en faut !
Déjà le son est bon. Très bon même ! Il sonne très vivant, très live, très stade. On s'y croit, on est dedans. Là-dessus, rien à redire. La sonorité de l'album est excellente, même si elle manque d'originalité comme son grand frère, Final Frontier. On est dans une belle réussite malgré tout, qui parvient à nous convaincre sans difficulté.


Autre bon point, et certainement le plus remarquable : le début. En effet, le disque offre de belles promesses. Ainsi, l'ouverture très sombre de If Eternity should fail amène effectivement l'auditeur dans l'univers inca. La noirceur est là, on la sent et pour autant, il y a un aspect, avec ce petit synthé, vraiment explorateur.
Puis le titre commence, et là, directement c'est la décharge électrique. On est dedans, on a cet aspect morceau de début qui invite le fan à écouter la nouvelle histoire des tontons de la Vierge de Fer. C'est vraiment un moment agréable et le monologue final contribue à cette ambiance malsaine et grandiose d'introduction.
On est dedans et on ne demande qu'à rêver. Rêver et peut être s'envoler. A ce titre, Speed of Light arrive au bon moment. Avec un aspect presque punk qui rappellera 2 Minutes to Midnight, le titre est vindicatif, agressif, joueur. Clairement, ce morceau me fait penser à l'album Powerslave. Efficace et avec des refrains qui s'envolent. Très beau morceau réellement qui embrase le cœur de l'auditeur.
On y croit, ça y est, Iron Maiden est de retour pour un nouvel album incroyable et offre son âme sans concession.


Comme vous le savez déjà, ce n'est pas le résultat final.


Pourtant, il faut le dire, plusieurs morceaux sont très appréciables sans être incroyables. Ils ne seront pas dans la liste des grands moments du groupe, mais ça reste sympa de les écouter. Par exemple The Great Unknown est assez endiablé, les solos sont très plaisants et tous très beaux, bien amenés. Le chant est efficace et pour une fois Dickinson n'essaye pas de faire s'envoler le public. Pour ce qui est des solos c'est vraiment l'inverse de The Red and the Black, on est ici dans l'efficace et l'harmonieux. Même si indéniablement, le morceau manque de spécificité.
When the River runs deep commence avec une guitare endiablé qui tentent de réveiller les années 80. On remarquera tout de suite cette introduction qui se calme après avoir débuté et se relance vers un titre assez classique. Là encore pas mauvais mais vraiment rien d'exceptionnel. Le morceau fait lui aussi la part belle aux solos, plutôt réussis là encore mais, franchement c'est d'un impersonnel.


Le premier disque se termine sur le morceau éponyme. Une introduction toute douce à la guitare qui respire le déjà vu. Et encore, ce n'est pas la pire à ce sujet là (faut attendre le disque deux). On regrette que les beaux sons de If Eternity Should fail ne soient plus de retour pour amener le côté inca. Cela dit, le morceau se lance est on est plus convaincu car le titre se veut lent. Un côté sacré nait de cette lenteur plaisante. Le mixage ressort également bien, on appréciera vraiment le son, c'est incontestable. La basse de mister Harris est encore excellente et la batterie McBrain est tout aussi réussie.
Jouant la carte de la lenteur majestueuse, le titre est plutôt réussi. Je ne dirais pas grandiose mais clairement après les 3 dernières pistes, il s'agit enfin d'un morceau digne de justifier un nouvel album.
Après la répétition traditionnelle, on a le droit à de nombreux solos. Mais on appréciera les changements de rythmes très Maiden. Pas de solos dans tous les sens, on a le droit à un peu de chant, puis des phases instrumentales et du retour encore de chant (très grandiloquent, mais agréable) et encore du solo.
Le morceau est incontestablement lent mais semble justifier cela de par sa construction, ses variations. La différence de ton et le travail apporté sur ce titre s'entend. Seul bémol : les solos sont pas vraiment dingues.


On voit ensuite que Iron Maiden n'a vraiment pas pensé le double disques avec cohérence. Le second CD commence brutalement avec Death or Glory. Morceau agréable, qui se veut galvanisant et à jouer en live. Certes, il est plutôt sympa et appartient, comme The Great Unknown, au remplissage agréable de l'album. Je dirais même plus, le titre est véritablement bon. Les écoutes se font et il s'inscrit comme un moment vraiment plaisant. Peut être le titre de l'album où le chant de Dickinson fait le plus de merveilles sur les couplets ?Mais bordel, qu'est ce que c'est un mauvais choix de démarrer le second disque avec ce titre.
On a ensuite Shadows of Valley qui serait un très bon morceau de 7 minutes si l'introduction n'était pas un horrible plagiat de Out of a Silence Planet. Iron Maiden n'a plus d'idée au point qu'ils se plagient eux-même ? C'est vraiment horrible à entendre pour n'importe quel fan. Le pire est que le reste du titre est pas dégueu' du coup. Au contraire, on aurait un bon morceau, mais je ne peux pas pardonner pour autant un auto-plagiat pareil.


Tears of a Clown offre du Maiden un peu différent, moins dans les grandes batailles et la vitesse mais offre quelques petits coups. Un peu différent et légèrement moins habituel. Malheureusement, la composition n'arrive pas à convaincre derrière et cela ronronne comme une voiture déjà bien usée. L'idée est, en soi, pas mauvaise mais n'arrive vraiment pas à convaincre. Ce qui est incontestablement un défaut, entendons nous le bien.
The Man of Sorrows est le grand remplissage inutile de l'album. Il s'écoute plus longuement qu'il ne s'oublie. Vraiment le titre à mettre de côté.


Puis arrive, enfin, le fameux Empire of the Clouds. 18 minutes par Bruck Dickinson où Iron Maiden amène du piano, des cordes, des cuivres … Bref, tout un programme. Pourtant, deux choses sont à retenir : le côté répétitif et l'aspect enivrant du morceau. Le titre fait malheureusement trop simpliste dans sa composition. Heureusement, cela est relevé par la beauté du son. L'évolution, petit à petit, l'arrivé lente mais présente des guitares.
Le titre souffre donc de ce côté répétitif mais on peut profiter du travail sur le son, un travail véritablement beau, il faut l'affirmer. De plus, le groupe lorgne encore vers une certaine lenteur martiale qui ne peut que séduire. Puis on a des solos, bien sur … Pas toujours très bon, certains sont en décalage par rapport à l'atmosphère du titre (voir à 7:18 au hasard). Même si après on se reprend vite et qu'on a quelques changement de rythmes pour revenir vers du Maiden plus conventionnel et rapide.
Incontestablement le titre manque d'une composition à la hauteur de ses ambitions, il reste cependant agréable, non bâclé, de belles sonorités. Si il souffre de son envergure, il n'a pas à rougir de son talent.


L'heure du jugement est tombé. Que garde-t-on de The Book of Souls ? Déjà un travail manqué sur l'ambiance. Si le son est d'une belle et vive qualité et respire le live, on est totalement à côté de l'ambiance inca/aztèque désiré. If Eternity should fail est là certes, ainsi que l'intro de The Red and the Black. On peut aussi voir les intros du titre éponyme et de When the River runs deep comme ayant une lointaine inspiration mais c'est bien tout.
Donc déjà, là-dessus gros échec.
Ensuite, l'album se voulait posséder des morceaux d'envergures, là aussi c'est un échec. The Red and the Black est raté, The Book of Souls et Shadows of the Valley respire trop l'auto-plagiat et Empire of the Clouds, malgré une grandeur évidente n'a pas du tout les compositeurs qu'il mérite.
L'album ne possède aucun titre révolutionnaire, aucun morceau incroyable, ceci est bien dommage … On se rappellera certainement de Empire of the Clouds sur le long terme, à cause de sa longueur, mais c'est tout … L'album va donc rester comme une étape qui n'aurait pas dû être obligatoire.
Je termine avec mes coups de cœurs personnels quand même : Speed of Light, If Eternity should fail, Death or Glory et Empire of the Clouds … Plus que des coups de cœur, c'est probablement ce que je retiendrais de l'album.

mavhoc
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le 10 sept. 2015

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mavhoc

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