Soyons honnêtes. Lorsqu’Eminem dévoile le titre de son nouvel album en 2013, on s’est franchement demandés si c’était un fake. Puis la confirmation est arrivée ; que diable est-il passé par la tête de l’artiste à vouloir faire une suite à son classique sorti en 2000 ? Surtout que son dernier album, Recovery avait allègrement déçu.
Parce qu’effectivement, des éléments de concordances entre les deux projets, il y en a….un peu. Bad Guy tout d’abord. Suite de l’immense Stan, il s’agit ici des représailles du petit frère de Stan, Matthew, voulant venger son frère. Parfaitement écrit, notamment le 4ème couplet ramenant à l’époque la plus faste de l’artiste, le titre perd malheureusement de son sens avec une production quelconque (sauf la 2ème partie avec le 4ème couplet), mais nous y reviendrons un peu plus tard. Ensuite, l’interlude Parking Lot reprend un passage de Criminal, du premier The Marshall Mathers LP et imagine la suite. Et…c’est tout !
Car le Marshall Mathers nouveau, c’est celui de Recovery. Celui qui invite encore des producteurs externes pour un résultat passable (le transparant Survival, le vide Legacy, l’immonde The Monster), au point même d’être un poids comme sur Rap God alors que le titre est terrible techniquement, Rhyme Or Reason et son superbe texte ou Bad Guy cité plus tôt. C’est aussi celui qui invite Skylar Grey, Rihanna ou Nate Ruess, des artistes qu’il aurait raillé dans « The Real Slim Shady » ou « I’m Back » sur MMLP premier du nom et dont la présence n’est d’aucune utilité (pour parler encore de Bad Guy, on est bien loin de la simplicité d’interprétation de Dido sur Stan). C’est aussi celui qui critiquait sa mère dans le premier volet sur Kill You ou voulait tuer son ex-femme dans Kim, et qui s’excuse désormais sur Headlights.
Tout ça est bien dommage, parce qu’Eminem est toujours aussi bon dans l’écriture. Quasiment tous les titres bénéficient d’une écriture profonde et soignée ; en plus de Bad Guy et Rhyme Or Reason, des titres aux productions moyennes comme Brainless, Asshole ou Love Game sont très bien écrits. Fort heureusement, il reste quelques titres aux productions solides en plus des textes de qualités comme So Much Better ou Evin Twin.
Le sentiment de gâchis est moindre que sur le précédent album Recovery, mais Slim Shady a toujours autant de mal à choisir de bonnes productions et des artistes capables d’élever le niveau des titres. Si les coups de folies et le flow mitraillette de l’artiste ne sont plus, la qualité de l’écriture est toujours aussi présente, et ne boudons pas notre plaisir d’avoir des textes d’un niveau rare dans le hip-hop us.