Ecouter "The Wall" c'est un peu écouter un film sans le regarder, puisqu'une bonne partie des morceaux a été calibrée pour le spectacle avec le célèbre mur qui est construit au-devant de la scène pendant le concert. Du coup, avec juste la double galette en poche, le bonheur d'apporter une autre petite brique dans le mur est assez limité. Sans le show, l'album vaut 5/10.
Il pourrait être reproché au groupe de n'avoir pas fait un arrangement en coupant les morceaux plutôt dédiés à la partie scénique, en éditant un album court, simple avec les gros morceaux qui pèsent lourd en termes de qualité musicale, surtout pour l'époque. Mais le pouvaient-ils ? Non, apparemment, puisque le charcutage entre les morceaux aurait sans doute dénaturer l'album. Alors on est obligé d'accepter cette oeuvre telle quelle, en se disant qu''une distance irréductible restera toujours entre les musiciens et les auditeurs, justement ce fameux mur, nécessaire à briser pour retrouver le plaisir entier que donnaient les spectacles ahurissants de Pink Floyd.
Mais une petite dernière question subsiste : ce fameux mur construit sur la scène, est-il la manifestation d'un propos engagé politiquement, ou alors est-ce plutôt les Pink Floyd qui se mettent à distance de leur public, quand on sait que c'est leur dernier "grand album" ? Est-ce une manière de mettre en scène plutôt le désarroi face aux turpitudes de la société ou plutôt le courage de s'opposer à des traditions figées et moutonnières ? De quel côté se trouvent les Pink Floyd, en fin de compte ?