Depuis que la Musique est devenue une passion à part entière pour moi, j'ai eu cette attente-là: un disque racontant une vraie histoire, complète, sans être un hymne à toute forme d'amour. La musique, elle, puiserait dans tous les genres musicaux. J'ai attendu un album pareil pendant 4 ans ! Et j'ai envie d'exagérer en disant toute ma vie. Et puis, j'ai rencontré "The Wall". Non seulement il réalise toutes ces attentes... mais en plus, il représente à sa manière tout un pan de ma vie ! Éblouissement total. Un rêve se réalise. C'est pour ça que je ne peux pas vraiment en vouloir à Waters...
Il y aurait pourtant de quoi, vu la production du disque ! Mais pour ce coup-là, c'est la personnification même de l'expression "la fin qui justifie les moyens". Le renvoi bien triste de Wright n'est jamais bien passé pour moi, surtout qu'avec sa contribution réelle, l'album aurait été certainement encore mieux. Mais une question me reste depuis pas mal de temps: pourquoi Gilmour et Mason ne se sont pas opposés ? dans son livre très intéressant, Mason a expliqué que leurs projets personnels respectifs (il déclare même ne pas comprendre comment il a réussi à trouver du temps pour enregistrer en studio !) et leurs problèmes persos les "préoccupaient trop"... mouais... donc oui, Waters joue son mégalo sur ce double-album, c'est évident, ça s'entend. On est sur la frontière d'un disque de Waters et d'un disque de Pink Floyd. Mais ça rend une œuvre monumentale.
L'histoire, comme l'as si bien dit une grande fan que j'ai connu, cristallise à elle seule tous les maux du 20ème siècle, et je rajouterais ceux de l'être humain. Elle est pas jojo du tout, hein. Mais elle est très lucide. Et passionnante. Les concerts (putain, que j'aurais aimé y être !) et le film intensifieront l’originalité et l'intelligence de ce récit psychanalytique. Quant aux paroles, j'ai l'honneur de dire que "The Wall" est le premier produit musical anglais que j'ai écouté où quasi toutes les paroles sont réellement poétiques, peaufinées, magnifiques. Mention spéciale à "Comfortably Numb" et à "The Trial". Même ceux qui n'en ont presque pas, comme "Is there anibody out there ?" ou "antoher brick in the wall part. 2", ont des vers intelligents. On a là un vrai album d'auteur, complètement. C'est chose très rare dans la musique anglaise, même unique j'ose dire ! Ca fait déjà là beaucoup de points.
Mais le meilleur est, évidemment, dans la musique. Les défauts. Il y a des vrais titres faire-valoir, des transitions en chansons. Je pense alors à "The Happiest days of your live" (génial), " empty spaces" (je conseille sa version longue, la vraie, "what shall we do now ?"), "Vera" (le titre le plus nul: complètement inutile, complètement vide de sens et de musicalité, énorme What quoi), "Bring boys back home" (grand écart salutaire, bien que ça m'a un peu énervé que Waters revienne à la guerre alors qu'on avait déjà fini là-dessus sur le premier disque !), "The show must go on" (joli !) et "stop" (tout con mais j'aime bien). Alors, ça va puisque la plupart sont quand même cools, mais tout de même... Le deuxième défaut, c'est l'omniprésence vocale de Waters. Autant pour "The Trial" il accomplit un véritable exploit vocal (cette chanson est incomprise pour moi ; elle est d'avant-garde, sublime et démoniaque !), autant on est soulagés de l'entendre faire des duos de temps en temps avec Gilmour. Pour tout le reste... c'est magique. La trilogie des "Another Birk in the Wall" est énorme (ma préférence revient à la première partie), "Mother" est une ballade folk "rockn'ellisée" complexe et séduisante, "Young Lust" est chaude comme la braise", "Don't leave me now" est ma préférée du disque 1 et demeure mal-aimée (pourtant, comment ne pas avoir de frissons avec son final ?), et sa fin avec "Goddbye Cruel World" est cinématographique. En plus, c'est le seul duo Wright-Waters, quelle ironie.
Le disque 2 est mon favori. "Hey You" est complètement génial (avec un milieu dantesque !), "Is there anibody out there" a le solo de guitare acoustique le plus beau que j'ai jamais entendu, "nobody home" est, à sa manière, une chanson française par son style, "Comfortably Numb" est bien sûr inévitable et aussi efficace qu'une drogue (solo de guitare à chialer), le diptyque "In the flesh" est hardcore comme je les aime, "Run like hell" taillé pour le live marche aussi bien sur disque, "Waiting for worms" est complètement mégalo (les "Hammer !" sont incroyables !)... Les 1 h 21 passent vraiment à une vitesse folle. "Outside the Wall"... Je pense que cette version-là est adéquate par rapport à son introduction et à l'esprit du disque (le calme après la grande tempête...). Mais oui, la version du film ou des Live sont beaucoup plus belles, c'est là qu'on se rend compte à quel point la mélodie est sublime.
Un très grand moment de musique, à tous points de vue. Il parvient à faire oublier dans quelles conditions, pas terribles, il a été fait. Il restera à jamais un emblème de plusieurs générations désenchantées, et d' individualités tout aussi écorchées. Ah, et brisons une idée reçue: NON, CE NE SONT PAS LES PINK FLOYD QUI ÉTAIENT A BERLIN EN 1989, C ÉTAIT WATERS EN SOLO ! Idée de génie une fois de plus de sa part, d'ailleurs.