Le grand chauve marque discrètement le pas depuis deux albums, mais vu le respect qu’inspire le parcours de Dominique A depuis bientôt trente ans, c’est d’emblée pardonné.
Si Eleor signait un retour un peu trop sage au dépouillement des débuts, la beauté des ambiances en plus, le lo-fi piquant en moins, Toute Latitude change de braquet : retour vers une énergie qui ne choisit jamais vraiment son camp, entre l’ombre poisseuse et les murmures (« Corps de ferme à l’abandon », « Aujourd’hui n’existe plus », « Se décentrer »), la lumière éblouissante (« Cycle », « Désert d’hiver », « Toute Latitude ») et ce groove parfois un peu mécanique, aux airs de post punk mal digéré, et qui a la fâcheuse tendance à plomber la cohérence de l’ensemble (« Les deux côtés d’une ombre », « La mort d’un oiseau », « La clairière »). Selon l’aveu du chanteur, chaque nouvel album se conçoit comme une réaction au précédent.
Mais ici, pour la seconde fois, il s’agit plutôt d’un pas de côté que d’un pas en avant. Dominique A est le premier à reconnaître que sa soif d’écriture est insatiable (cf. la récente interview façon hagiographie des Inrocks). Mais à bientôt cinquante ans, peut-être le temps serait-il venu d’oser briser cette routine d’écriture pour défricher de nouveaux terrains vierges ?