Zuma
7.8
Zuma

Album de Neil Young et Crazy Horse (1975)

Le chef-d'oeuvre caché de Neil Young, clairement.


Je suis passé à côté pendant des années, je n'avais pas compris. Un peu comme "Pet Sounds" des Beach Boys, je n'avais pas compris la portée de l'oeuvre dans un premier temps, et, après plusieurs écoutes, j'ai commencé à en saisir toute la puissance.


Des perles country-rock, dans la grande tradition des Byrds.
Des harmonies vocales à pleurer (Danger Bird), des riffs graves et acides (Drive Back), exploités à fond, les notes pleuvent pour en arriver à des sommets rock d'une musicalité exceptionnelle.
Des solos à la pelle, où Neil Young se fait plaisir (ce qui nous fait plaisir), où il tient la note le plus longtemps possible, exprimant quelque chose de toujours plus obscur, d’abscons. Où il se permet d'explorer les thèmes comme jamais (en tout cas depuis Everybody Knows This Is Nowhere), ajoutant de-ci de-là des feedbacks, des trésors de sensibilités enfouis derrière les notes, qu'il faut sentir derrière ces accords parfaits.


Pas qu'électrique, le disque recèle de ces pépites folk que sont "Lookin' For A Love", "Through My Sails" (rescapée de sessions avec Crosby Stills & Nash). De ces morceaux en style "laid-back" (disons "peinard") que l'on trouvait à foison dans les bonnes moissons d'Harvest et qui définissaient ce style couramment appelé soft-rock.


Neil Young y va de son morceau misogyne (Stupid Girl) comme tout bon rocker qui se respecte (Les Rolling Stones avec (aussi) "Stupid Girl", Led Zeppelin avec "(...) "She's just a woman", pour ne citer qu'eux...), et amuse par ses paroles intelligentes et son esprit caustique : "Tu es un si joli poisson / Se débattant sur le sable l'été / Cherchant la vague que tu viens de rater / Quand une autre est à portée de main". Si le morceau n'était que ça... mais non : c'est un déluge de notes dont on se gave allègrement, une jubilation de solos endiablés, fiévreux, juteux. Neil ne fait pas dans la démonstration ostensible, comme, parfois, Jimmy Page (que je vénère pourtant). Il appuie se notes, cherchant la profondeur, il exploite tout ce qu'il peut d'une sole note, et peut répéter à l'infini un thème, qui en devient obsédant. Les solos sont déversés à la pelle dans Drive Back, au riff d'intro inoubliable. On en redemande.


"Cortez The Killer", l'un des sommets de l'album, fait penser à certains morceaux d'Everybody Knows This Is Nowhere : trois accords de guitare, lenteur du rythme, guitare rythmique cafardeuse et hypnotique, et Neil Young qui se balade sur sa guitare sans fioritures, sans effets de style (sa musique étant toujours au service de ses émotions), pour toucher au plus profond de lui-même, et donc aussi parfois au plus sombre. Les solos, inoubliables par leur richesse, nous envoûtent dans une drôle de bulle poignante, dont on ne ressort pas forcément indemne, tant l'auteur se met à nu pour nous toucher à travers une musique d'une telle générosité. On ne peut qu'abaisser sa garde et se laisser atteindre par un homme aussi talentueux.

Créée

le 14 août 2013

Modifiée

le 18 janv. 2014

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Errol 'Gardner

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