Belle découverte, j’aime décidément beaucoup les éditions Ca et là.
On regrettera cependant que l’histoire se développe autour de l’acquisition spontanée d’une forme d’intelligence pour les gallinacés nous faisant croire qu’ils étaient complètement vides de toute conscience avant d’acquérir la parole humaine. La binarité antagonique entre l’animalité / la bestialité d’une part et l’humanité (acquise soudainement pour les poulets) d’autre part ne fait que renforcer des poncifs bien connus, et ne renvoie que trop bien au spécisme ancré dans notre société. Comme si le fait de se rapprocher de l’humain était synonyme d’une quelconque élévation positive (je ne développe pas plus pour éviter de spoiler mais certaines parties de l’histoire insistent bien la dessus).
On notera également qu’une fois n’est pas coutume, l’intelligence est évaluée à partir d’un référentiel humain.
J’attendais beaucoup de cette BD, peut-être trop. Le but n'est clairement pas de dénoncer l’exploitation animale, les animaux non-humains ne servant ici que de prétexte pour mettre en scène les maux que les humains s’infligent entre eux (le récit fait superbement écho au racisme, aux génocides, aux relations familiales douloureuses, à la domination de certains groupes sur d’autres etc).
Une bonne BD donc, mais ne pas s’attendre à un pamphlet antispéciste, au risque d’être déçu.e.s ;)