Ce one-shot emprunt de mélancolie nous livre drame intime. Yuta, qui a filmé sa mère jusqu’à son décès, monte un court-métrage qu’il présente au lycée. Pensant lui rendre hommage, il fait pourtant face aux critique. Déprimé, le lycéen rencontre Eri qui l’initie au cinéma et l’incite à réaliser un nouveau film personnel. Tout d’abord, ce qui marque le plus à la lecture est le graphisme et le découpage judicieux des planches, l’auteur alternant les vues objectives et subjectives lorsque le protagoniste filme son amie au téléphone (cases brouillées). Il départage ainsi vie réelle et réalité filmée, bien que la distinction étant de plus en plus ténue au fil de la narration. L’amitié entre Yuta et Eri se tisse autour de l’image, du cinéma qui est le fil rouge du récit, à travers une question : quelle réalité garder dans la fiction ?
Cette passion devenue commune permet au héros de faire son deuil mais aussi de s’engager dans une amitié qui le met face à la peur de l’oubli ou encore la remise en cause de sa mémoire. En effet, via l’importance de l’image, le récit interroge la perception des souvenirs que chacun garde du passé, de leur idéalisations parfois bien éloignées de la réalité du moment vécu, allant parfois jusqu’au déni.
Oeuvre mature et émouvante de Fujimoto (Chainsaw Man), ce seinen tranche de vie touche juste en mettant en avant le pouvoir du cinéma.