Il fallait oser : raconter 14 milliards d'années en 350 pages (soit une page tous les 7 millions d'années comme le rappelle sarcastiquement l'auteur dans sa postface), c'était bien casse-gueule. Mais quel exploit.
Jens Harder découpe son pavé en plusieurs parties, chacune représentant une période de l'univers, du Big Bang aux premiers êtres humains. Je ne m'y connais pas assez en science et en biologie pour me pencher sur la véracité des informations contenues dans cette BD, mais il faut avouer que le travail accompli est superbe et parfait.
On pourrait débattre pendant des heures sur une seule page de ALPHA, admirer le travail de Harder, somptueux en tout point. Ce qui est aussi original, et totalement réussi dans cette prise de risque singulière, c'est le choix de l'auteur de coupler les faits scientifiques avec les représentations mentales communes que l'on en fait ou qui en ont découlé. Exemple : quand les premiers dinosaures apparaissent, on peut voir à côté d'eux Gon, le célèbre petit dino de manga (et de Tekken 3 aussi). Quand il est question d'un grand déluge provoqué par telle ou telle catastrophe, on peut y voir juxtaposé l'arche de Noé et son bestiaire. La plus belle page est sans doute celle du tout début, où l'univers commence à se former autour des bras d'une divinité hindoue qui enlace de ses membres l'infini.
Il y aurait tout et rien à dire sur une BD comme celle-ci. Je préfère ne rien dire de plus et attendre impatiemment la sortie des deux autres tomes, BETA (sur l'humain, de leur apparition à nos jours) et GAMMA (sur le futur, après notre ère, mais jusqu'où ?...).