Le Jeune Acteur de Riad Sattouf, c’est un peu comme découvrir la recette secrète d’un plat qui a l’air sophistiqué mais qui, en réalité, est préparé dans une cuisine pleine de bazar. Ce premier tome nous propulse dans l’univers des plateaux de tournage, mais oubliez les tapis rouges et les paillettes : ici, on explore la face cachée du rêve cinématographique avec un réalisme doux-amer.
Sattouf, fidèle à son style inimitable, jongle entre anecdotes hilarantes et instants de gêne absolue, comme un funambule sur un fil tendu entre la caricature et la tendresse. On suit les débuts de Vincent Lacoste, ado lambda catapulté dans le rôle-titre du film Les Beaux Gosses, sans préparation ni parachute. Entre castings improvisés, maladresses touchantes et coulisses absurdes, le récit nous offre une plongée dans l’inconnu, à mi-chemin entre le conte initiatique et la chronique comique.
Le dessin, faussement simple, capture chaque grimace, chaque tic, chaque moment de flottement avec une précision chirurgicale. Sattouf excelle dans l’art de rendre l’ordinaire captivant, et ici, le quotidien du jeune Vincent devient une épopée moderne où les costumes de cinéma se frottent aux angoisses adolescentes.
L’humour, omniprésent, pique juste ce qu’il faut, sans jamais sombrer dans la moquerie gratuite. Le ton, bienveillant mais lucide, dépeint le showbiz avec un décalage délicieux, comme si on voyait la grande machine du cinéma à travers les yeux candides d’un enfant qui visite un parc d’attractions en ruines.
Certes, l’histoire ne révolutionne pas le genre biographique et le récit suit un fil narratif assez classique, mais c’est justement dans cette simplicité que réside son charme. On rit, on grimace, on compatit, et surtout, on se souvient que derrière chaque acteur en devenir, il y a un Vincent Lacoste qui galère avec sa première réplique.
En bref, Le Jeune Acteur est une chronique douce et sincère, qui nous rappelle que devenir une star, ce n’est pas qu’une question de talent ou de chance : c’est surtout savoir survivre au ridicule avec dignité. Un petit bijou d’autodérision à déguster sans modération.