Voilà un comics dont j'ai enduré la lecture comme rarement. Suite du mythique The Dark Knight Returns, toujours signé par Frank Miller, cette bande dessinée foisonnante m'est vite devenue viscéralement insupportable, et ce pour plusieurs raisons.
Graphiquement déjà. Je ne suis pas un fanatique du travail de Frank Miller. Si son Ronin fondateur de son style ou son mythique TDKR étaient visuellement impressionnants, on ne pouvait pas qualifier ça de beau. Mais au moins, ça respectait les principes de base du neuvième art. Ça restait lisible. Visuellement, on comprenait ce qui se passait.
Là, une planche sur deux est un délire visuel frappadingue qui épuise. "Où est l'action ? Le cheminement de lecture ? A quoi sert sert cette case ? Je dois lire les bulles dans quel ordre ? Où est le personnage ?" sont des interrogations pénibles quand on lit une bande dessinée, a fortiori quand elles sont continuelles. Rajoutez à ça un coloriage numérique usant d'effets dégradés baveux que même une présentation PowerPoint 95 n'oserait pas faire et la coupe est pleine (et ce n'est pas parce que c'est une colorisation assumée que ça amoindrit la laideur du truc).
Ensuite, scénaristiquement parlant, au delà du fait qu'il faille maîtriser toute la cosmogonie DC pour comprendre le déboulé continuel de personnages (car au final, ce n'est pas une histoire de Batman, c'est une méta-histoire de crise existentielle de tous les super-héros DC. Batman doit remplir 5% de l'album...), on sent bien que le machin est un prétexte servant à Miller à cracher sa bile. Il hait ce qu'est devenu l'Amérique, et il nous le fait bien comprendre le temps d'une histoire excessivement simple, multipliant pourtant les planches redondantes pour asséner son propos à coups de burin.
Si encore le fond du propos était intelligent... Se contenter de gueuler "Pas bien le consumérisme, bouh les méchantes multinationales et les complices d'intellectuels bien pensants aux valeurs morales libérales décadentes (ils sont de Californie, forcément. Et juifs.)", ça va, merci. J'étais déjà mal à l'aise avec le vieux fond droitier de TDKR, mais là, on va bien plus loin dans la pétage de plombs.
Bref, une lecture lourdingue, avec quelques éclaircies qui permettent péniblement d'arriver au bout, mais foncièrement, un sacré pensum pourtant dépourvu d'intellect.