Berserk première partie:
L’homme n’a jamais quitté l’animal, c’est sur cette bien triste morale, que ce fondera un monde dénué de grandeur. Un monde de souffrances et de dominations, où le puissant, dans ses envies démesurées, à travers ses désirs malsains, à rejoint la folie. Où le faible, rongé par ses névroses, et son obsession de gloire s’offrira aux démons. Où les dieux de cette terre n’existent que dans le but d’inverser ces rôles, de continuer ce jeu de la peur et du sang.
Berserk ou la description d’un monde de violence, Berserk, ou la lutte ultime pour la survie, Berserk, ou l’approche de la vérité.
Berserk, et ces sueurs froides ressenties face à l’horreur brut. Des sueurs froides devant les rêves brisés de l’enfant aux cheveux blancs, après la vision de l’homme dont on a nié jusqu’à la vie, face une humanité qui a meurtri ses propres racines.
Après ces instants où mes yeux furent forcés à regarder l’obscène, à brûler devant l’immonde, je me réfugia dans le rêve, fuyant cette chair dont on avait dénuée le sens, cette chair que l’horreur avait terrifiée, pour retrouver l’esprit.
Rêver de l’absolution, de la destruction de cet empire de misère, de ce royaume malsain. Du retour d’un soupçon de transcendance, d’une nouvelle terre absolue et sacrée. Seulement le dieu des Hommes n’existe plus sur le sol de Kentaro Miura, et le retour à la lumière nous sera offert par ce même enfant à la chevelure immaculée, ayant donné l’entièreté de son humanité dans le seul but d’accomplir son rêve.
Un retour à la lumière qui n’est évidemment qu’illusion, au même titre que le visage angélique du démon qui nous l’offre ! Symbole d’une humanité qui souhaite vivre au dépens d’elle-même, imposer sa puissance par l’agonie de l’autre, détruire la chair jusque dans son fondement.
Que faire alors, s’enfuir par le regard, par la puissance d’un pinceau, l’intensité d’une toile, l’ode d’une civilisation. Non, tout cela n’apparaît ici qu’argument de plus de la désertion de l’Homme, se réfugiant dans la superstition et le matériel, n’osant plus défier sa peur, offrant la singularité de ses rêves à sa meurtrière terreur.
Quand les toiles de grandeur deviennent pages d’épouvantes, quand la représentation de l’enfer devient art. Mirua à l’audace de détruire cette âme d’enfant qui sommeil en nous, de nous forcer à regarder ce monde et ses ignominies.
Quel est la solution, où est l’espoir dans cette noirceur constante. Qu’il en existe aucun, cela serait trop facile pour le génie de cet auteur. La réponse nous est délivrée après la première ellipse, dans les deux seuls êtres à avoir survécus, à avoir transcendés le dieu démoniaque.
Casca tout d’abord, Guts ensuite. D’abord une solution, Casca, Casca et sa fuite de l’horreur, sa folie pour dépasser le réel, sa folie pour ne plus revoir l’ignoble. Ensuite un espoir Guts, Guts et sa rage, sa fureur de vivre, sa colère d’existence, son cri qui couronne le retour d’une humanité conquérante, son cri qui résonne de douleur devant un monde qui l’a brisé.
Berserk deuxième partie :
Les pages passent, et se dessinent dans ce récit une nouvelle résolution à l’hégémonique brutalité de l’œuvre. L’homme n’a jamais quitté l’animal, et dans cette animalité, au même titre que dans cette nature se cache une réelle beauté. Retrouver la fantaisie de l’instant, admirer le soleil, ses rayons, reconsidérer la beauté d’une fleur qui survie, même dans un cachot.
Berserk est une œuvre incroyable, elle révèle l’envie de s’approcher de l’impensable pour y connaître la vérité absolue. Seulement, dans son obscurité rendu souveraine, sa vérité ne peut qu’être partielle.
Cette œuvre reste néanmoins, le plus grand hymne à la combativité, une ode à la beauté du soulèvement face aux démons d’une humanité désabusée. Un retour de l’éclat de la vie qui prendra source dans la connaissance de l’enfer. Une œuvre que je n’oserais pas recommander, pour les raisons que j’ai énoncées, mais qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.