"Mais je n'ai nulle envie d'aller chez les fous", fit remarquer Alice.
"Oh ! vous ne sauriez faire autrement, dit le Chat : Ici, tout le monde est fou. Je suis fou. Vous êtes folle."
"Comment savez-vous que je suis folle ?" demanda Alice.
"Il faut croire que vous l'êtes, répondit le Chat ; sinon, vous ne seriez pas venue ici."
Deadman Wonderland est un cas assez à part dans le milieu du manga shonen, de part sa grande violence graphique et psychologique, il atteint un niveau de glauquitude 8 sur l’échelle de Barker, alors qu'en général les shonens ne dépassent que très rarement 5.
Dans ce manga, tous les personnages, en dehors de Ganta, sont fous, ou bien mentalement instables, ils ont tous un passé assez sombre qui les a traumatisés et les a rendu psychopathes, certaines de ces histoires allant parfois assez loin, du genre viols, abandon d'enfants, mutilations ou encore suicides...
Sans compter les nombreuses scenes d’expérimentations pas très catholiques sur des prisonniers non volontaires et de tortures sadiques jamais vraiment censurées...
Autant vous dire qu'un manga destiné aux ados qui arrive à aller plus loin que les grosses baffes dans la gueule ou les scenes de nudité classiques, et qui ne prend pas ses lecteurs pour des petites choses fragiles, ça a déjà une certaine prestance.
Bon, niveau scenario, y'a pas grand chose à dire, on alterne souvent entre une ambiance glauque et malsaine et une ambiance un peu plus terre à terre, limite niaise par moments. On a quelques relents nekketsu, comme le héros con et naïf mais que tout le monde admire ou les combats "1 adversaire par protagoniste", ce qui est assez dommageable, vu le potentiel d'un tel concept.
On peut par contre faire un parallèle entre DmW et Alice au Pays des merveilles (déjà, rien que le titre "Wonderland"...) : Ganta serait Alice, les freres-soeurs Takami qui mentent beaucoup feraient un peu penser aux frères Tweedle Dee & Tweedle Dum; le directeur Tamaki, l'un des seuls persos conscients de la folie ambiante de la prison, serait le Chat de Cheshire; Senji, qui reste bloqué dans le passé qu'il refoule, fait un peu penser au Chapelier Fou; ou encore Shiro serait le Lapin Blanc,et sa face sombre, l'Homme rouge, serait la Reine de Cœur. Faites le comparatif vous-même, c'est très rigolo.
L'habillage en lui-même ne sert pas à grand chose, mais c'est assez marrant à observer.
Le dessin est quand à lui superbe, mettant correctement l'accent sur les scenes gores et/ou étouffantes, illustrant parfaitement la folie des personnages, et le découpage est excellent.
DmW n'est pas un chef-d’œuvre, mais c'est une bonne histoire assez rafraichissante dans l'horizon shonen, à essayer.