On a déjà tout dit et redit sur l'influence d'Akira Toriyama sur les auteurs de shonen modernes. Dragon Ball est le manga classique par excellence mais qui mérite sans aucun doute son succès (plus de 300 millions d'exemplaires vendus à travers le monde, resté pendant longtemps au sommet des ventes avant qu'un certain One Piece ne vienne y mettre une branlée).
Toriyama commence Dragon Ball de la même façon qu'il a fait Dr. Slump, sa précédente oeuvre : un manga amusant, sympathique et surtout attachant. Son trait de dessin est merveilleux et enchanteur : on se prend d'une empathie non feinte pour tous les personnages, des principaux comme des secondaires, voire même des figurants qui apparaissent dans un coin de case. Goku, gamin sauvage vivant dans la jungle, rencontre par hasard Bulma, une citadine pure et dure à la recherche des Dragon Ball, mystérieuses boules de cristal capables d'exaucer un vœu. Pour Goku, l'heure est donc venue de sortir de sa jungle pour découvrir le monde.
On rigole énormément dans les premiers tomes de Dragon Ball. Goku, Bulma et compagnie enchaînent les gags et situations cocasses sans que jamais trop de sérieux ne vienne troubler cette ambiance magique et enfantine. La collecte des boules de cristal, l'entrainement de Tortue Géniale (le meilleur parmi les meilleurs), les tournois d'arts martiaux, l'armée du Ruban Rouge... Autant de merveilleuses pages qui font que cette partie du manga est un must du must du shonen de base, classique et plus qu'efficace. L'arrivée de Piccolo et de tous les power-up qui vont avec amorce la perte d'originalité de la série, et pour pas mal de temps (bah presque jusqu'à la fin en fait). Les personnages évoluent (Goku, Krilin), se multiplient (Sangohan, les Sayens, les méchants et autres gars assez laids) et peu à peu l'ambiance des débuts se détériore irrémédiablement.
On passe donc à la partie du manga la plus mauvaise, mais qui reste quand même étonnamment divertissante : power-up sur power-up, retournements de situations tous plus alambiqués les uns que les autres (augmentation de puissance potentielle entre deux pages, épée légendaire vers la fin), le tout avec des errances capillaires de plus en plus condamnables. Les pressions éditoriales du Jump font que Toriyama doit continuer coûte que coûte son manga, qualité honteuse à chaque fois mais dont le succès populaire ne se fera pas démentir. Au final, l'auteur réussit à boucler tout ça d'une plutôt belle manière et c'est tout ce qu'on demande.
Malgré ses faiblesses sur le long terme, Dragon Ball jouit d'une aura de shonen old school, où le combat ne se résume qu'à la force, la vitesse et les autres tournures que l'auteur peut mettre en place pour préserver un suspens entre deux parutions de chapitres. On est loin des shonen modernes comme le sont Hunter X Hunter ou les nouvelles saisons de Jojo's, qui font la part belle aux combats tactiques et techniques, souvent au détriment du spectaculaire. Pourtant, la classe de Dragon Ball est de faire rêver avec des Kamehameha furieux, capables au début de détruire une voiture puis la galaxie dans les derniers tomes du manga... Certains combats frisent souvent le ridicule tellement les traits narratifs sont grossiers mais bon, plus c'est gros plus ça passe.
Au final, ce fut un plaisir de me replonger dans ce manga cultissime, surtout après avoir quasiment tout oublié des tournants de l'intrigue et avoir pu redécouvrir tout ça agréablement. Bref, on pose le cerveau, on laisse les réflexions au placard et on regarde la baston, tout simplement.