Gigantomanchia, première création (hors Berserk) depuis vingt ans de Kentaro Miura, aka le maître du trait texturé, de ces dessins fourmillants de détails, à tel point que l'on a envie de zoomer sur chaque planche pour contempler toute la densité dramatique de chaque scène. Comme dans Berserk, le coup de crayon est au service de combats épiques transpirant la fatalité et l'effort physique harassant, sauf que cette fois-ci l'on a pas affaire à un héros solitaire affrontant des hordes de démons, mais bel et bien d'un duo. Delos, un ex lutteur bâti aux dimensions d'un colosse, et Promé, une jeune fille blonde aux yeux bleus, toujours perchée sur les épaules du guerrier. On ne sait rien de leur origine, ni de leur véritable nature, mais cette part d'ombre sert à leur donner un caractère providentiel et prophétique : leur future mission le confirmera. Ils débarquent dans un désert aride où vit une civilisation, les Mu, des humains ayant partiellement fusionnés avec des scarabées et protégeant un sanctuaire où vit un Dieu mineur à l'origine de leur (très fragile) prospérité. Les Mu détestent les Hu, les humains pleinement civilisés, cherchant à coloniser leurs terres et à éradiquer leur culture jugée barbare. Notre binôme sera hélas confondu avec les membres de cet empire dévoyé, et devra négocier son respect et sa liberté en livrant un combat d'arène, où Delos affrontera Ogun : le combattant le plus respecté du peuple Mu. Mais une menace plus grande plane au delà des dunes, et l'arrivée de l'empire des Hu contraindra les Mu à confier leur destin à ceux dont ils craignaient au départ la nature ...
Pour nourrir son histoire, Kentaro Miura s'est inspiré du récit mythologique narrant la lutte des Dieux menée par Zeus, contre la révolte des géants, frères des Titans et fils de Gaïa. On devine que derrière la figure de Promé se cache celle de Prométhée, celui qui prit le parti de défendre les faibles contre les puissants, et qu'Héraklès qui mit sa force au service des humains est à déceler derrière la figure bonhomme de Delos. La fusion entre mythologie grecque et manga prend à merveille, dommage que ce ne soit qu'un one shot ! Nul doute qu'Hésiode aurait validé.