Cette année, en plus de onze rééditions, pour cause de "On a loupé les dix ans de Warum alors on va fêté les onze ans", j'ai une quinzaine de titres qui sortent.
Dès janvier, j'avais le meilleur titre en terme de création et d'univers... "L'Heure des Lames" de Rob Davis. Une merveille totale.
Avec Goupil ou Face, c'est mon coup de cœur d'éditeur et aussi, je l'annonce alors que le livre n'est même pas sorti, mon succès de l'année.
ça peut paraître prétentieux de dire ça, et, sûrement, ça l'est, mais, depuis que je fais ce métier, appris sur le tas en commençant par du fanzine autoproduit, il y a toujours eu des livres dont, à la lecture des premières pages du projet, tu SAIS.
C'était le cas avec le MOI JE d'Aude Picault, avec CE LIVRE DEVRAIT ME PERMETTRE DE RAMENER LA PAIX AU PROCHE ORIENT, D'AVOIR MON DIPLOME ET DE TROUVER UNE FEMME (encore que là, il avait déjà cartonné en Allemagne avant) ou, l'année dernière de Bon Baisers d'Iran de Lénaïc Villain.
Cette année, c'est ce projet qui parle, pourtant d'un truc pas hyper sexy à la base : la Cyclothymie.
La QUOI ? me direz-vous ?
Et vous aurez bien raison, tant c'est un sujet mal connu...
La cyclothymie, une des variantes des maladies bipolaires, qui vous font passé de l'euphorie créative totale à la dépression la plus sombre... (mais pour aller plus loin, je vous conseille plutôt de consulter le site Goupil ou Face que l'autrice a réalisé pour l'occasion).
Lou Lubie est une jeune femme talentueuse en diable qui incarne exactement son sujet. Elle a commencé à écrire son premier roman à dix huit ans et la voici, 5 livres plus tard, 2 jeux vidéos réalisées et moulte autres aventures éditoriales derrière elle à sortir sa première bande dessinée pour parler de sa maladie.
On pourrait rapprocher ce livre du magnifique Carnet de santé foireuse de Pozla, mais le livre de Lou a ce mérite, c'est qu'il se lit sans douleur, avec le sourire aux lèvres et le cerveau en ébulition, tant c'est clair et limpide, sans lourdeur, là où le chef d'œuvre de Pozla est dur à lire tant il vous prend aux tripes (dont il parle, d'ailleurs).
Ici, c'est une pure merveille de clarté, avec une fraîcheur et un humour qui permet au plus obtus des sceptiques de comprendre que, non, la dépression ce n'est pas "dans ta tête" (ou alors au même titre qu'un aveugle, c'est "dans ses yeux").
Lou fait comprendre simplement que, oui, si nous sommes tous sujets à des sautes d'humeur, chez un cyclothymique, c'est vachement plus compliqué à vivre. Car, dans le même ordre d'idée, on a tous des trous de mémoire sans être pour autant Elzeihmer...
Évidemment, je me sens un peu concernée par sa maladie... je me reconnais même carrément là-dedans. Lou d'ailleurs met en garde contre ce symptôme et conseil d'aller consulter.
Je ne sais pas si je vais le faire, mais je sais que ce livre m'a fait du bien et qu'il en fera à tous ceux qui sont concernés par la dépression, qu'ils soient malades ou proche d'un malade, qu'ils comprennent le mal ou qu'au contraire, ça leur passe complètement à côté.
Voilà, je pourrais en parler pendant des heures, mais je sais que cette critique dithyrambique n'est que la première d'une flopée qui suivront, et je me réjouis d'avance.