Bon. Déjà le tome 5 et je commence petit à petit à avoir de sérieux doutes sur cette capacité de la saga « Sillage » à me séduire…
A force d’enchainer les albums, des constantes finissent par s’établir d’elles-mêmes.
Visuellement c’est paresseux.
La richesse de l’univers se révèle toujours bien superficielle.
Certes il y a bien quelques fulgurances de temps en temps…
…moi par exemple j’ai bien aimé cette double-page en début d’album où on voit Nävis se balader dans l’exposition. Les cases décomposent le temps, mais l’ensemble représente une peinture globale du lieu, mélangeant aspect intérieur et extérieur. C’est bien un truc de bédéiste. Le genre de machin que j’adore trouver sur mon chemin.
…Mais malheureusement ces quelques inspirations pèsent au final toujours bien peu face à l’indigence globale de l’ensemble.
Et à bien tout prendre, je pense que si la mayonnaise ne prend jamais vraiment me concernant c’est à cause de ce problème récurrent : l’immaturité de l’écriture.
Alors certes – je ne dis pas – on sent qu’il y a une vraie envie – pour ne pas dire une générosité – de la part du duo Buchet / Morvan à vouloir donner de l’ampleur, de l’élan et de la profondeur à leur aventure.
C’est vrai qu’on en voit des lieux, des personnages, de l’action.
C’est vrai qu’il y en a des retournements de situation.
Et c’est vrai qu’on pourrait presque sentir au sein de cet épisode un possible basculement chez le personnage de Nävis…
…Mais pour que tout cela puisse m’ébranler il faudrait que ça ait quand-même un peu de consistance intellectuelle quoi.
Alors attention, quand je parle de consistance intellectuelle, ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit.
Je n’attends pas forcément des références culturelles ou des propos plus emberlificotés.
En fait j’aimerais juste davantage de maturité.
J’aimerais que le duo Buchet / Morvan ait du recul sur ce qu’il nous raconte et nous montre.
Parce que là c’est juste binaire au possible.
Et surtout, ça pue la pensée d’ado petite bourgeoise…
…Et le pire c’est que je pense que les deux larrons ne s’en rendent même pas compte.
Parce que bon, c’est bien gentil de faire les grands penseurs aux lendemains du 11 septembre, mais quitte à vouloir faire coller votre intrigue à l’actualité, essayez d’aller un peu plus loin que le « en fait les Zarabs (je ne sais plus le nom de cette race extra-terrestre) ils font des attentats parce qu’on les délaisse et qu’ils sont tristes. Et nous les méchants riches on leur donne même pas la possibilité de se soigner convenablement ! Rah ! Tout ça pour des questions de gros sous ! Mais pourritures capitalistes va ! »
Je ne rigole pas : c’est de ce niveau-là.
Ceux qui l’ont lu savent que c’est de ce niveau-là.
Et comme si ça ne suffisait pas, il faut qu’au-dessus de ça, on se rebouffe à nouveau les atermoiements de Nävis qui agacent plus que jamais.
Un moment j’ai eu un doute si Morvan faisait exprès de faire de son héroïne un personnage immature, égocentrique et imbu de sa propre personne. Mais malheureusement je ne pense pas.
Nävis est juste la petite connasse de fille à papa qui vient t’expliquer la vie tout le temps.
Elle, elle sait ce que c’est ta souffrance, bien plus que toi qui la vit.
Nävis, de toute façon, c’est une femme du bas-peuple hein ! La souffrance elle connait. Elle qui vit si simplement sur sa planète privative !
Et puis c’est qu’elle sait les émanciper les peuples la Nävis ! Quand elle parle et qu’on lui obéit, les gens obtiennent automatiquement ce qu’ils veulent !
Nävis c’est la perfection incarnée. De toute façon tout le monde le sait à Sillage ! Elle est parfaite parce qu’elle est humaine ! On préfèrerait sacrifier des espèces entières plutôt que de la perdre elle !
Non mais les gars quoi...
Vous n’avez même pas conscience des symboliques que vous manipulez.
Vous ne savez même pas de quoi vous parlez.
Vous voyez le monde comme des ados petits-bourgeois, persuadés d’avoir tout compris et qu’en conséquence vous pouvez donner des leçons.
C’est juste… irritant au possible.
D’ailleurs – tout un symbole – face à tant d’injustice Nävis va-t-elle démissionner de son poste à Sillage et commencer à devenir une vraie putain de rebelle ?
Spoilers :
Bah non tiens !
Non mais oh ! Tu crois qu’on s’emmerde à dessiner des BD pour retracer le parcours d’une pauvre ?!
Eh oh ! Ce qui fait rêver c’est les jolies planètes privatives et les collections de fringues à gogo hein ! C’est pas des pauvres qui discutent de lutte des classes et tout ça là !
Non mais eh !
…
Bref, pas grand-chose de neuf dans le « Sillage »…
Pas de quoi me donner envie de continuer…
Je vais encore poursuivre quelques albums histoire de ne pas baisser pavillon trop vite mais bon…
…Tout ça n’annonce rien de bon.
…Surtout venant d’un binôme d’ados.