Qu'est-ce qui se passe au-delà de chez moi ? C'est sans doute ce que Michel Rech (alias Zerocalcare) a dû se dire en se réveillant un matin pour être envoyé par l’équivalent du courrier international italien pour partir au Rojava, une région autonome kurde en Syrie. Cet espace, bien que souvent abordé par les médias pour son implication dans le conflit syrien reste malgré tout très obscur tant il y est très souvent représenté avec une certaine distance.
C’est justement là où Zerocalcare prend le contrepied de cette démarche non pas avec la prétention d'un éclairage géopolitique majeur sur la question mais en tant qu'être humain en quête de sens et de compréhension. C'est bien là la grande réussite de l'ouvrage : tout au long de son voyage, l'auteur parvient à retranscrire avec justesse les témoignages des personnes rencontrées en présentant leurs convictions, leurs sacrifices passés et/ou au quotidien et leurs espoirs pour l'avenir : en bref leur humanité.
Et pour ceux qui n'auraient aucune idée de ce qui se passe dans cette région du monde, pas de panique : Zerocalcae fait en sorte d'expliquer brièvement mais concrètement certains tenants et aboutissant des enjeux auxquels sont confrontés les protagonistes. Pour autant, ce qui distingue Kobane Calling c'est qu'il est autant un récit journalistique amené par la découverte de l'autre qu'un récit autobiographique retranscrivant les remises en question et les représentations de l'auteur. Celles-ci ne sont d'ailleurs dépeintes avec un humour jamais trop poussif souvent en référence à la pop culture (les amateurs de Star Wars, the Walking Dead et autres Dragon Ball Z seront aux anges).
Alors oui on pourra toujours lui reprocher des dessins parfois inégaux tandis que certaines ellipses demandent un effort pour se resituer mais s’y attarder serait peut-être chipoter plus que nécessaire. Drôle à certains moments, poignant à d'autre, Kobane Calling est un véritable récit de vie dont on ne ressort pas indifférent.