Si je commence à connaitre « un peu » les autobiographies en BD, notamment en ayant fait mon « tout Guy Delisle » et mon « tout Joe Sacco », mes connaissances en BD Italiennes sont un peu limitées. Un peu de Topolino (le Journal de Mickey local, avec pas mal d’histoires traduites chez nous dans les Mickey Parade). L’Italie en BD, je ne la connais ainsi que par Ulli Lust, une autrichienne, c’est dire.
De la même manière, si j’écoute les infos autant que possible, et que je sais que je dois m’en dégager pour suivre un conflit, je ne connais pas grand-chose du Kurdistan, et en particulier de Kobané. Pour ainsi dire, j’ai donc choisi la BD de Zerocalcare, principalement parcequ’elle avait l’air d’une biographie vaguement bobo, idéale pour meubler un aprem (et que la couverture était jolie, à la bibliothèque, ça peut suffire).
Mais voilà, cette BD est plus que ça, c’est évidemment autocentré, avec quelques blagues plus ou moins fines et de nombreuses allusions à la vie Punk romaine et aux luttes de clubs de foot, mais c’est surtout un formidable document sur le Kurdistan, la Syrie, les relations à la frontière Turque (peut être moins sur Daesch, puisqu’on ne les voit pas). En effet, comme Joe Sacco, l’auteur documente, mais nous fait aussi part de ses doutes, de ses inquiétudes et de la difficulté à rendre compte de l’information. C’est ici moins sensible que dans le Gaza de Sacco, mais on retrouve les même difficultés à distinguer que dans le Gorazde (sur la guerre en Bosnie).
Un excellent document à mettre entre toutes les mains pour découvrir un nouvel auteur, suivre un récit de vie et d’apprentissage, s’intéresser à cette zone compliquée ou, tout simplement, pour continuer à affiner plus encore son esprit critique.