Poursuivant leur réécriture du mythe du Batman, les indéboulonnables Scott Snyder et Greg Capullo accouchèrent d’une genèse de ses premiers pas sous l’étiquette « An Zéro » : sa première partie nous relatant sa lutte face au gang du Red Hood, le présent comic-book reprend donc une recette maintes fois contée pour un résultat ma foi satisfaisant, l’expérimenté tandem y apposant de son mieux sa patte.
Comme toujours, la recherche du savant équilibre entre relecture et respect des fondations n’est toutefois pas chose aisée, L’An Zéro étant bien en peine de s’extirper d’une redite collante : nombre de ressorts-clés y figurent donc, de la naissance du symbole par une nuit emplie de doutes tenaces à celle d’un certain Joker, terreau de bien des interrogations. Néanmoins, force est de constater que Snyder s’en tire plutôt bien en tissant une intrigue solide, les crimes du Red Hood s’entremêlant à merveille à l’héritage Wayne - entaché de complot en l’exergue ; la veine résolument moderne du tout ajoute également au sentiment, relatif, d’unicité du récit en revisitant avec justesse ces fameux instants iconiques.
Fidèle à lui-même, Capullo maîtrise toujours aussi bien son sujet au gré d’un cadrage hors-pair, sa mise en scène liant fluidité à une inventivité brillamment dosée... quand bien même celui-ci ne réitère pas pareil coup d’éclat que celui du labyrinthe des Hiboux. Que dire alors si ce n’est que L’An Zéro, 1ère Partie constitue, au regard de ces quelques points, une évidente réussite : graphiquement attractive, scénaristiquement solide... si tant est que l’on passe outre diverses zones d’ombre.
En ce sens, le bref élan non-linéaire qu’appose Snyder à sa narration laisse dubitatif, celui-ci n’apportant pas grand chose à la trame tout en se limitant, de prime abord, à une unique fonction de teasing désuet. Plus globalement, la prévisibilité du tout demeure handicapante au bout du compte, quand bien même L’An Zéro multiplierait les axes de développement (tels Edward Nygma et Philip Kane) connexes en vue d’étoffer son sujet et de surprendre... en vain. Heureusement, les trois petits courts finaux portés par le dessin dense de Rafael Albuquerque sont un ajout bienvenu, bien que perçus comme étant accessoires au premier regard.
Un divertissement des plus plaisants donc, à défaut de révolutionner le genre.