Je suis un peu une newbie de la BD. J'en connais les grands noms sans avoir eu le temps de m'en faire une idée, et je dévore bien plus les livres sans images.
Mais quand on aime les histoires, se plonger dans un tel roman graphique fait partir de ces belles et parfois sombres découvertes qu'on aurait aimé faire plus tôt.
Le Rapport de Brodeck de Manu Larcenet, adaptation BD du roman éponyme de Philippe Claudel, a su se faire en peu de temps une place parmi les monuments du genre.
À travers ces planches extrêmement sombres et dans une ambiance aussi glaciale que pesante, on rencontre Brodeck. Dans un petit village isolé et recouvert de neige, on lui demande d'écrire un rapport détaillé sur la mort d'un étranger (l'Anderer), survenue sous ses yeux. Si Brodeck parait avoir un regard extérieur et neutre, il supporte le poids de la culpabilité de ses congénères, de toutes les crasses auxquelles il a assisté sans y avoir participé. Cela fait-il vraiment de lui un innocent ?
De l'Anderer - l'Autre - on sait peu de choses. Et ce premier volume nous en dit suffisamment pour en attendre un dénouement tout aussi lourd et noir que ces premières planches. Le style de Larcenet colle parfaitement à ce récit, que je ne m'imagine pas sous les traits de quelqu'un d'autre : les regards sont expressifs et lourds de sens, tout comme certaines planches n'ont pas besoin de texte pour qu'on comprenne ce qui nous attend.