On arrive au tome 40 d'Astérix, ce qui me parait dingue, quand on sait que Goscinny n'en a scénarisé "que" 24. S'il avait posé toutes les bases de la série, Uderzo partait sur des essais qui essayaient maladroitement de sortir du moule, dont on taira les pires albums ; quand Ferri a eu ensuite pour consigne de "faire du Astérix" sans écart mais sans éclat.
L'arrivée de fabcaro, non choisi par Uderzo, chantre de l'humour absurde, promettait (peut-être) de sortir du carcan et redonner du souffle à la série.
Conrad reste lui, n'ayant pas passé 4 albums à apprendre à singer un artiste pour être congédié par les éditions Albert René, qui ont besoin de leur livraison tous les deux ans de leur album de BD à papa.
Malgré cette volonté affichée de se renouveler, on se sent dès les premières pages dans ses charentaises. César veut trouver un nouveau plan pour pacifier les gaulois, par la ruse. En envoyant un émissaire qui les convertira à la mode romaine. Mais pas via la gentrification (Le Domaine des Dieux), le capitalisme (Obélix et Compagnie), la discorde (La Zizanie) mais le développement personnel. Pourquoi pas. Les vannes fonctionnent, on arrive presque à croire que les villageois puissent se faire avoir par Vicévertus. Certains gagnent même un développement inattendu, comme Bonnemine.
Astérix semble dépassé. Et n'arrivera d'ailleurs pas vraiment à l'emporter sur son adversaire. C'est pour cela que j'ai un peu plus de mal sur la deuxième moitié, d'une part car l'antagoniste est "vaincu" une première fois d'une manière trop simple (le noeud dramatique est ainsi résolu) et vrille pour devenir inintéressant (en renonçant à la ruse pour passer à la coercition), d'autre part car fabcaro revient au point de départ parce qu'il le doit, pas parce que c'est la fin logique. Mais l'album reste plaisant.