La première bédé de Druillet qu'un pote fana, et un peu chelou ça va sans dire, m'avait fait lire. Et à l'époque comme aujourd'hui, des barres de rire devant le grotesque ultime des dialogues, comme écrits par un grave déficient mental (le nouveau Mad Max qui semble avoir bien puisé ici, c'est du Shakespeare, à côté !). Malgré tout, cette histoire de junkies révolutionnaires qui attaquent un dépôt de drogues et se jettent à cœur perdu dans la Nuit / la Mort est l'occasion pour Druillet de mettre tout ce qu'il a suite à la mort de sa femme d'un cancer (allant jusqu'à incorporer des photos d'elle et de leur caniche dans d'épiques batailles psychédéliques !) pour un effet monstrueusement hilarant chez moi.
Sincère, nettement dérangé, hilarant à ses dépends, anarchiste, plein de haine et de ressenti : la Nuit. Une œuvre unique et irremplaçable dans le monde de la bédé, qu'on aime malgré et pour ses défauts.