La Présidente, tome 1, c’est un peu comme un épisode spécial de Black Mirror, sauf qu’au lieu de technologie dystopique, on te balance une vision cauchemardesque d’un futur politique bien français. François Durpaire et Farid Boudjellal s’attaquent à une question brûlante : "Et si Marine Le Pen devenait présidente de la République ?" Spoiler : ça ne sent pas la raclette conviviale.
L’histoire s’ouvre en 2017, dans une France où le FN (oui, à l’époque, c’était encore son nom) remporte les élections présidentielles. Le récit déroule alors une politique-fiction glaçante où les institutions tremblent, les droits reculent, et les barbecues du dimanche prennent des airs de débats houleux. L’idée de base est puissante, mais le traitement oscille entre le didactique et le sensationnel, comme un documentaire qui aurait avalé un scénario de série B.
Graphiquement, Farid Boudjellal nous livre des planches efficaces mais inégales. Les visages des figures politiques sont souvent caricaturaux, ce qui fonctionne bien pour les connaisseurs de l’époque mais peut agacer à la longue. Les décors manquent parfois de profondeur, mais les expressions des personnages réussissent à transmettre une certaine tension dramatique. Bref, on n’est pas dans l’esthétique léchée, mais ça fait le taf.
Le vrai cœur du problème, c’est le ton. La Présidente hésite constamment entre l’analyse sérieuse et le pur alarmisme. Les dialogues sonnent souvent comme des débats télévisés, et les personnages peinent à exister au-delà de leur fonction narrative. Certes, le contexte politique de l’époque donne une certaine urgence à l’œuvre, mais le récit manque de subtilité pour éviter de tomber dans l’exagération ou le caricatural.
Cela dit, tout n’est pas à jeter. L’œuvre pose des questions pertinentes sur l’état de la démocratie, le populisme, et les fractures sociales. Les passages où la vie quotidienne des citoyens est impactée par ce changement de régime sont particulièrement marquants. On sent la volonté des auteurs de secouer le lecteur, même si le marteau utilisé est parfois un peu trop gros.
En résumé : La Présidente est une tentative courageuse de mêler fiction et réflexion politique, mais son exécution pèche par manque de finesse et de nuance. Si l’idée de base est intrigante et les enjeux bien posés, le tout manque d’équilibre pour être vraiment percutant. Une lecture qui divise, à l’image du sujet qu’elle aborde.